L'histoire :
Au sein d'un château abandonné par les hommes, les animaux sont soumis à un ordre arbitraire et brutal imposé par les chiens. Une poule est livrée à leurs morsures mortelles pour avoir soi-disant dérobé... un œuf. Tout avait pourtant bien commencé lorsque, livrés à eux-mêmes, les poules, les lapins, les chèvres les oies et les chats avaient rebaptisé leur ferme « la République ». Mais la loi du plus fort s'est très vite imposée, incarnée par Silvio, un énorme taureau contre lequel personne ne peut prétendre lutter. Nombreux sont ceux qui ont choisi de se ranger du côté de l'autorité arbitraire, et profitent du petit pouvoir qui leur est accordé. Mais pour Miss B la chatte, la mort d'Adélaïde sera le dernier des renoncements. La troupe jusqu'ici soumise va développer des trésors de ruse pour bousculer la dictature...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de reconnaître la patte de Xavier Dorison derrière cette fable animalière au démarrage lent, après une préface pas très modeste qui se place dans la lignée de la Ferme de Animaux de George Orwell. La mise en scène de ces animaux au sein desquels une hiérarchie dictatoriale s'est installée bute assez vite sur le style adopté pour raconter cette histoire. Une sorte de légèreté de ton qui rend difficile l'expression dramatique du destin des personnages, et qui ne se résoudra pas dans ce premier épisode. Une des raisons principales de ce flottement est la narration choisie par les auteurs, qui utilise avec beaucoup d'insistance les codes du film d'animation ou du dessin animé. Des successions de plans humoristiques qui fixent un personnage sur plusieurs cases, misant tout sur des expressions de visages ou des gestes qui s’enchaînent au ralenti. Ce qui fonctionne sur le petit écran, ces moments suspendus comme au dessus du vide, ne donne rien sur une planche de bande-dessinée. Et à de multiples reprises, de petites cases verticales se succèdent et ratent leur effet. On touche du doigt la difficulté que peut rencontrer un dessinateur réellement talentueux – les pages 25 à 27 sont impressionnantes – pour transformer une virtuosité graphique en savoir-faire narratif. Félix Délep est un jeune artiste doué qui doit franchir encore quelques étapes pour passer de la culture de l'écran à celle de la page. Il se bat avec des dialogues parfois trop denses, ne sachant plus où les placer entre deux séquences purement graphiques. Le potentiel est pourtant là, et le prochain épisode nous dira certainement si le travail en commun des deux auteurs réussira à exprimer la force de cette idée ambitieuse.