L'histoire :
A Sarajevo, la nouvelle fait grand bruit en juillet 2008 : le tyran Serbe Radovan Karadzic est arrêté. Cependant, la belle Ivana a du mal à se réjouir de cet évènement, car cela la replonge dans un passé douloureux et difficile. Vivant avec sa grand-mère depuis qu’elle a perdu ses parents en 1998, lors du siège serbe, elle vivait dans la terreur des occupants ou des snipers embusqués. La misère frappe tous les habitants et Ivana a du mal à bien vivre avec sa grand-mère qui vieillit. Malheureusement, Ivana cache un terrible secret. En 1992, alors qu’elle partait chercher de l’eau, pendant le siège de la ville, elle a croisé le chemin de trois Tchetniks, des combattants nationalistes Serbes. Elle a été violée, est tombée enceinte et a décidé de garder l’enfant. Pourtant, la misère et les rigueurs de la guerre obligèrent Ivana à se séparer de sa fille, Youlia. Aujourd’hui, après l’arrestation du criminel de guerre Karadzic, Ivana décide de prendre son destin en mains et de remonter sur les traces de sa fille, quitte à écumer le monde pour la retrouver. Un nouveau combat commence.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’auteur intimiste de Tendre banlieue change totalement d’univers et se consacre à une histoire forte et réaliste d’une femme de l’Est, ravagée par la guerre et ses horreurs. Exit la banlieue parisienne pour évoquer la vie en Bosnie. L’auteur n’a pourtant pas perdu son style et consacre essentiellement son récit à la petite histoire de gens simples et communs, balayés par la tempête de la grande Histoire : les plaies et les déchirures de Sarajevo. Le récit commence ainsi, par un évènement récent et qui a marqué l’histoire serbe : le politicien Karadzic, après une longue cavale pour fuir les autorités, est enfin arrêté. Cependant, ce grand évènement ne change rien à la vie des Bosniaques qui ont souffert pendant la violente période de siège de Sarajevo. Le parcours d’Ivana est ainsi un vibrant témoignage des souffrances quotidiennes que pouvaient vivre les Bosniaques, en pleine guerre des nerfs. Tito s’applique à montrer, en une série de flashbacks, les répercussions du siège de la ville et les nombreux obstacles rencontrés par les habitants. Certains pleurent leur mort, d’autres sont abattus dans la rue, tandis que beaucoup tentent de survivre dans le dénuement et la faim. Sans compter les exactions gratuites et sadiques des combattants présents, qui frappent tout ce qui bouge. Le destin d’Ivana est marqué à jamais au fer rouge, mais elle lutte pour retrouver sa dignité de femme et de mère. La peinture d’une femme qui essaie de s’en sortir avec son intelligence est admirable et pleine d’émotions. Avec beaucoup de pudeur, Tito brosse le portrait de cette jeune maman moderne et prête à tout pour retrouver son enfant. Le scénario est archi-réaliste : on y suit pas à pas Ivana dans sa quête ardue. Mais il finit par lasser dans sa deuxième partie, tant le rythme est lent et tourne à vide. Le dessin calque au plus près de la réalité, en multipliant des gros plans extrêmement vivants de personnages pris dans leur quotidien. On pourra cependant regretter cette tendance constante de l’auteur de figer les mouvements dans des poses rigides. Cette bande dessinée sur l’humain se révèle toutefois intéressante, pour évoquer des évènements méconnus, et émouvante dans la façon de parler des problèmes personnels de gens comme tout le monde. Une bande dessinée appliquée, tant dans le dessin que dans le scénario… mais peut-être trop académique finalement ?