L'histoire :
Dans les années 60, un jeune lycéen introverti, mal dans sa peau, bouc émissaire de ses camarades, fait une rencontre pour le moins bizarre. Un jeune homme se présente à lui sous le nom d’Androuze et lui impose de faire un travail psychologique sur lui-même pour voir la vie autrement. Il le suit jusque chez lui, et décide de l’appeler Pino, parce que « Pino, ça pose ». Pino consent : de toute façon, son caractère est de se laisser dominer. Après avoir jeté un œil sur sa bibliothèque (des goûts bien impersonnels) il lui annonce de but en blanc : sa vie intérieure sent le bouc. Le fil conducteur de sa renaissance sera la manière d’aborder la gente féminine afin de lui faire la cour de la manière la plus efficace possible. Pour commencer, Androuze l’emmene retrouver une femme qu’il a connue autrefois, qui serait sans doute de bons conseils. Dans le bus qui les emmène, Androuze propose à l’assistance de faire part de leur expérience en la matière. Un petit vieux raconte alors un épisode de sa vie, qui en émeut jusqu’au contrôleur. Puis, alors qu’Androuze s’impose à nouveau chez des inconnus, Pino remarque une jeune fille de son âge qui passe dans le couloir. Il s’éclipse, monte à l’étage et se met à l’espionner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bizarre, vous avez dit bizarre ? Pour le moins, ce récit vaguement initiatique transpire le baroque à plein nez. Le jeune Pino (dont ce n’est même pas le nom) se laisse porter par les évènements, sous la coupe d’Androuze, dandy excentrique et androgyne au nom improbable. Ce dernier a décidé de lui faire comprendre le sens de la vie (vaste affaire) en perçant le mystère de la femme (pas mieux). A défaut de faire percer le mystère de la femme au lecteur, François Ayroles lui fait passer quelques moments singuliers, tantôt amusants, tantôt franchement hermétiques. Ainsi, de fil en aiguille, Pino s’affranchira de cet ami provocateur et insolent pour approcher une jeune fille tout aussi lunaire que lui, aux préoccupations qui ne sont pas de ce monde non plus. Le summum de l’insolite est atteint lorsque Pino, à poil, déambule en centre-ville avec un carton sur la tête et scotche devant la vitrine d’un vendeur de télés. Ce récit déroutant s’inscrit donc à des années-lumière des sentiers battus, sans convaincre vraiment (ou alors, peut-être, quelques initiés ?). Graphiquement, Ayroles met le tout en images à l’aide d’un trait épais et éthéré à la fois, et une colorisation terne qui confine à l’austérité. A réservé à un public averti.