L'histoire :
Dans un futur proche, une sorte d'apocalypse a bouleversé notre monde. Des intelligences artificielles se sont en effet propagées de manière anarchique, telles des virus nano. Elles ont déréglé tous les appareils électroniques et sont allé jusqu'à pervertir les implants que des millions de gens portent, donc leur cerveau. L'humanité a dû revenir aux machines à écrire, aux pigeons voyageurs et aux zeppelins. Dans ce contexte, James Graham Keran, qui a jadis servi sous les casques bleus, est convoqué dans le bureau d'un haut gradé militaire. Ce dernier lui révèle l'origine secrète de l'attaque informatique : elle provient d'un centre de recherches en intelligences artificielles, une base située au fin fond de la jungle africaine. Et il lui demande d'aller jusque là-bas, de tuer le responsable et de détruire les installations. Les précédents commandos ont tous échoués en raison de leurs implants contaminés, ou de leurs stratégies archétypées. Keran demande pourquoi ils l'ont choisi, lui, étant donné son manque d'expérience. Sa « virginité » en fait justement un candidat idéal, mais aussi et surtout, il ne porte aucun implant. Il accepte, non pas pour endosser le rôle d'un héros, mais parce qu'il reconnaît dans le dossier la photo de son ex-femme, impliquée parmi les cyber-terroristes. Keran passe au check médical pour les vaccins, puis il embarque sur un paquebot...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D'entrée de jeu, Le lendemain du monde se révèle un récit post-apocalyptique pas comme les autres. Au cours des presque 150 pages de cet épais one-shot, le lecteur sera en effet plus confronté à un cyber-thriller au cours d'une expédition africaine largement teintée d'ésotérisme, qu'aux habituels paysages décharnés du registre (souvent traversés par des zombies). La mission que devra remplir le héros, un ancien militaire atypique, qui n'a pas forcément le profil de l'emploi, est clairement définie des les premières pages : il s'agit d'éradiquer le centre informatique à l'origine d'un méga-bug mondial. Il se lance donc dans cette quête et multiplie les rencontres bizarres, dont on ne comprend pas toujours le sens et l'objectif. La narration d'Olivier Cotte n'est pas des plus faciles à suivre. Les dialogues manquent souvent de clarté, l'enchaînement des séquences différentes et étranges n'aide pas à indiquer le sens que l'auteur veut donner à son récit... un peu longuet. C'est dommage, car lorsque la confrontation finale se produit, le propos de fond se révèle très intéressant et assez nouveau. Les amateurs de dessin moderne et torturé, au frontière de l'art contemporain façon Bilal, se régaleront cependant des planches de Xavier Coste. Les plans larges souvent contemplatifs mettent en scène des personnages réalistes aux chara-designs bien définis par des techniques éclectiques. Le registre de l'ésotérisme et de l'expédition africaine lui donnent l'occasion de beaucoup varier sa palette de talents, et de tenter des mariages osés de teintes. Bien qu'imparfaite, cette aventure d'anticipation en dehors des sentiers battus mérite le détour.