L'histoire :
En 1665, Baldassare, modeste marchand de livres anciens dans la ville de Gibelet (Byblos, dans l’actuel Liban), se demande si l’année suivante sera celle de « la bête » (1666), soit l’apocalypse. En se mettant sur la piste d’un livre légendaire qu’il a tenu en mains, Le centième nom (qui nomme le nom caché de Dieu !), il rencontre sans s’y attendre l’amour de la belle « veuve » Martha. Parti de Gibelet, son périple passe par Constantinople et le mène à Smyrne, d’où il espère rapporter les preuves de la mort du précédent époux de Martha. Car le nouvel objectif du mariage a finalement pris le dessus sur la quête du livre ultime. Or à Smyrne, la conjoncture est radicalement l’inverse de tout ce à quoi il aspirait. Primo, il apprend que le précédent mari de Martha, un escroc doublé d’un homme violent, est toujours en vie. Deuxio, Martha lui annonce qu’elle est enceinte de lui, mais que si son mari est en vie, il faut qu’elle le rejoigne afin que l’enfant ne soit pas nommé bâtard. Tertio, sans le vouloir, il retrouve la piste du Centième nom : le livre serait désormais en Angleterre ! Le 1er janvier 1666, Baldassare est tout perdu dans sa tête et les évènements le conduisent à reprendre le large, sans ses compagnons de route, cette fois, mettant le cap sur Gênes, la ville dont il est originaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec une belle constance narrative et graphique, selon le principe du carnet de voyage ponctué de nombreux rebondissements, Joël Alessandra poursuit ici l’adaptation du roman éponyme d’Amin Maalouf, prévu pour couvrir une trilogie BD. Au centre du récit, le libraire libano-gênois Baldassare incarne un héros attachant : à la base commerçant sans histoire, il s’éprend d’une femme, demeure d’un tempérament curieux, honnête et volontaire, et malgré son anxiété, choisit toujours la voie vertueuse. Sans le chercher, il s’est engagé dans un périple multi-quêtes de grande envergure, qui le mène dans ce second opus, de Smyrne à… Londres ! En cette année de « la bête » (l’an 1666), il est ainsi tour à tour emprisonné, escroqué, surpris, déçu, excité… et ne reviendra assurément pas indemne de son entreprise. Atypique, bien en dehors des sentiers commerciaux, mais d’une belle fluidité, la narration d’Alessandra s’appuie toujours sur le carnet de bord du héros, avec des pauses régulières sur une belle aquarelle des lieux et une petite page écrite. Tout aussi sensible, sa technique graphique semble être un simple crayonné semi-réaliste sur du papier crayeux, rehaussé de couleurs vives. Le troisième volume se fait donc méchamment attendre. Baldassare profitera-t-il d’un juste amour ou mettra-t-il enfin la main sur cet ouvrage aussi ésotérique que fuyant ?