L'histoire :
Fin des années 30. Antonio Soto de Torrado est coiffeur dans le sud de l’Espagne. Pour combattre les forces nationalistes menées par le Général Francisco Franco, Antonio est enrôlé comme volontaire dans la cavalerie de l’armée républicaine. Un soir sa tante lui annonce que son oncle, bras droit de Franco, l’a dénoncé et que dès le lendemain, il sera arrêté pour être condamné à mort. Il doit donc quitter sa mère et traverser l’Espagne pour s’exiler vers la France. La frontière passée, il est interné au camp d’Argelès-sur-Mer puis incorporé dans la 15ème colonne des travailleurs espagnols volontaires. Il participera à la campagne de France puis sera fait prisonnier par les Allemands dans les dunes du camp retranché de Dunkerque. Interné au Stalag 17B jusqu’en décembre 1941, il sera déporté dans le tristement célèbre camp de Mauthausen en Autriche, camps de niveau III destiné « aux ennemis politiques incorrigibles du Reich ». Il en sortira vivant en mai 1945. C’est la mémoire de cette histoire familiale du grand-père maternel combinée à celle du grand-père paternel, Espagnol et résistant dans le maquis, que doivent porter les descendants et en particuliers l’auteur, David Sala.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers cet album, David Sala nous livre l’histoire de sa famille, qui trouve ses racines lors de la révolution espagnole. Il porte surtout son regard d’enfant et ensuite d’adulte sur cet « héritage ». Comment les petits-enfants, qui sont la deuxième génération, portent-ils ce destin familial ? Que faire de cette histoire pour les générations suivantes ? L’auteur livre un récit personnel et touchant, qui fera écho chez les milliers de personnes ayant cet exil historique en commun. Même si le poids de l’Histoire et le devoir de Mémoire des générations futurs est lourd, l’auteur a certainement eu de la chance de pouvoir connaître précisément le parcours de ses grands-parents. Retracer leur périple, imaginer leur calvaire, les voir vivants et partager certains moments ensemble. Certains, ne peuvent qu’imaginer l’Histoire de leurs familles à travers le récit des autres. Si de nombreuses familles souhaitent perpétuer ce devoir de Mémoire, d’autres ont préféré l’oublier, l’enfouir au plus profond et replanter des racines sur un autre sol que celui de la république espagnole perdue. « Le passé est un phare et non un port », ce proverbe propose de faire de son passé un repère et non un point d’attache. C’est peut-être cela qu’il faut laisser aux générations futures, un repère. D’un point de vue graphique, l’auteur livre un très bel ouvrage d’environ 170 planches. L’univers esthétique est travaillé avec certaines scènes présentées sous le regard d’un enfant. D’autres sont contrastées, comme ces planches très colorées représentant les camps de concentration. D’autres représentent la réalité brute de façon presque photographique. Les plus nostalgiques apprécieront la belle et fidèle représentation des tapisseries des années 80 qui rappellent les photos d’enfances. Le poids des héros est un bel ouvrage graphique avec un récit réfléchi et lourd de sens.