L'histoire :
XIIe siècle, quelque part au proche orient. Venus de toutes contrées, des dizaines d’adolescents et de jeunes hommes font leur entrée dans la ville fortifiée d’Alamut. A la porte, un pendu exhibé donne le ton : ils sont ici pour écouter, apprendre et obéir. Celui qui oublierait l’un de ces trois points, connaîtrait un funeste sort identique : leur existence appartient désormais à leur maître, le Seigneur des couteaux, chef de la puissante secte des assassins. Dès ce « discours de bienvenu », l’une des recrues, Selim, prend la défense d’un plus faible, Hicham, moqué par Yacine pour ne pas réussir à réprimer ses larmes. L’âme d’un chef, Selim devient ensuite chef de son dortoir, parvenant à faire régner l’ordre par sa seule autorité. Dans les jours qui suivent, les jeunes suivent un entraînement impitoyable, qui durera plusieurs mois, pour devenir des « fedayin », c'est-à-dire des assassins. Le mode de formation semble tellement performant, que des membres du clergé catholique ont fait le déplacement, notamment pour s’assurer contre un coffre empli de pièces d’or, du ralliement de la secte à leur religion. En effet, à cette époque, l’aura d‘un certain Saladin et son désir de reconquérir Jérusalem commencent à inquiéter l’Eglise…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous êtes jeunes, dynamique et vous ne savez pas quelle orientation choisir ? Ne signez surtout pas chez cette infâme secte d'assassins, vous risqueriez de le regretter… Scénarisé par Henscher, ce premier tome nous envoie aux côtés de jeunes recrues dans un moyen-âge oriental et obscur, alors qu’ils suivent une formation pour devenir assassins. L’abnégation de l’individu et de la vie en général sont ici des pré-requis : au service du Seigneur des couteaux, on apprend à devenir un assassin aveugle et dévoué. Le raisonnement individuel est prohibé et la torture est un délice, pourvu qu’elle serve le maître. En découvrant ce contexte épanouissant (et historiquement véridique !), on se met à penser que cette mentalité n’est pas vraiment révolue aujourd’hui, vus les discours prônés par certains fondamentalistes. Pour leur premier album à tous deux, Henscher et Fabien Rondet n’ont pas choisi un sujet facile, et ils évitent les lieux communs (cf. le final, que nous taierons). L’ensemble manque cependant un peu le rythme. Peut-être ce sentiment est-il amplifié par une ambiance obscure à l’extrême (l’obscurantisme semble être le maître-mot). En effet, les planches de Rondet sont toutes très sombres et quasiment monochromes, dans des teintes ocres, glauques et bleu. Elégant et très travaillé, son dessin dispose encore néanmoins d’une certaine marge de manœuvre, notamment pour permettre de bien différencier les personnages. Une quête initiatique de kamikazes à suivre…