L'histoire :
Les profondeurs d’une forêt s’animent sous l'influence de forces surnaturelles, réveillant au passage deux étranges personnages enfermés dans des coffres enfouis sous terre. Arthur, qui est un jeune doctorant, fait quant à lui une étrange découverte au cours d’une opération de catalogage. Le vieux journal titré De la survivance de l’ordre magique a appartenu à un chercheur. Figueira, son professeur, le décourage fermement de prêter une quelconque attention à cet ouvrage et à son auteur. Mais le jeune homme n’en démord pas. Il finira par rentrer dans le secret d’une bien étrange histoire : l’harmonie d’un monde oublié où cohabitaient les hommes et d’étranges entités aux pouvoirs magiques. Or cette harmonie a été rompue. Un pacte a été signé et un artéfact marqué d’un triskel en est la clef. Mais cet objet a été dérobé, car il est le fruit d’une grande convoitise. C’est ce que va découvrir Arthur en s’alliant à un vieil homme, Gabriel Mascato, et à une jeune étudiante, Lúa , qui semble posséder des pouvoirs magiques. Débute alors une enquête trépidante aux multiples rebondissements !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire peut être perçue par les lecteurs distraits comme étant uniquement dans l’air du temps. En effet, des récits exploitant la thématique écologique – vous en conviendrez – ce n’est pas ce qui manque, actuellement... Mais Miquelanxo Prado lui confère la profondeur de champ nécessaire, afin de ne pas en faire uniquement une énième complainte sur l’impact négatif des hommes sur l’environnement. L’auteur va plus loin en dépassant le propos purement écologique, en portant sa réflexion plus largement sur la nature humaine. D’une part, en inscrivant sa réflexion entre mythe et réalité historique, en puisant dans l’héritage celte et même encore plus en arrière dans le temps. Les mots manquent presque pour en décrire le gigantisme du périmètre... D'autre part, il met en scène des personnages plus complexes qu’ils ne le sont en première apparence : Xamain, le démon, dont l’esthétique n’est pas sans rappeler celle de la gargouille, a sa logique propre. Douceur des couleurs et stylisation caricaturale, anguleuse, des personnages, produisent un effet de contraste saisissant. L’étrange, le mystère, planent clairement sur l’album ! Ici, le merveilleux et la fantasy se conjuguent avec le polar ésotérique. Le Triskel volé joue sur les effets de rupture. Bien que le ton soit parfois à la rêverie, il n’en demeure pas moins que le danger est omniprésent dans le récit. Prado fait y surgir la violence en un éclair, non sans humour noir. Des personnages bien caractérisés, un scénario riche, un travail graphique pointu, au service d’un plaidoyer pour remettre de l’harmonie dans ce monde qui ne cesse de se défaire sous nos yeux... En somme, ce one shot se donne les moyens de son propos.
