L'histoire :
En novembre 1959, le journaliste Guy Lefranc accompagne l'archéologue Antoine Lassalle vers l'île de Pâques, où ce dernier doit effectuer une campagne de fouilles. La veille d'arriver dans les eaux de Rapa Nui (le nom indigène de l'île), le professeur Lassalle fait un topo sur l'Histoire et les mœurs de cet îlot du pacifique administré par le Chili. Le gouverneur a demandé à être prévenu de tous les déplacements et les pascuans, en général, sont plutôt hostiles aux étrangers. Il s'agira donc d'être diplomate... Or a peine le cargo de Lassalle et Lefranc mouille t-il face à la plage d'Hanga Roa, parés à décharger, qu'un photographe de l'équipe repère un corps flottant le long de la coque du cargo. Lefranc se jette aussitôt à l'eau... pour découvrir qu'il s'agit d'un jeune autochtone, mort depuis plusieurs heures... le cou tranché ! Le gouverneur chilien et ses proches trouvent aussitôt suspect que ce meurtre – le premier depuis 50 ans sur l'île – soit concomitant avec l'arrivée des étrangers. Cependant, en marge de cette arrivée tourmentée, un autre paquebot arrive secrètement de l'autre côté de l'île, avec à son bord le sulfureux Axel Borg. Ce dernier manigance encore un sacré coup, pour le compte d'un mystérieux chinois, Mr Zhang. Visiblement, tous deux s'intéressent aux lancements soviétiques depuis Baïkonour : le dossier de Laïka à bord de Spoutnik II traîne sur leur table...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Roger Seiter fait de nouveau une entorse à ses alsaciennes Éditions du Long Bec, le temps de redonner un peu de tonus à l'autre série emblématique de Jacques Martin, après Alix. Depuis la mort de cet auteur français pionnier de l'âge d'or de la BD, Lefranc connait en effet des hauts et des bas, en fonction des scénaristes qui s'alternent pour lui faire vivre ses aventures. Reconnaissons tout d'abord l'excellente tenue du dessin : Régric est sans doute le meilleur repreneur du trait classique martinien. Le héros se meut et adopte des attitudes dignes des épisodes des années 60, toujours impeccablement coiffé et les joues légèrement teintées de rose, comme dans un Martine à la plage. Surtout, les décors sont soignées, notamment les moais de l'île de Pâques, puisque c'est sur cet îlot aride et isolé du Pacifique que se déroule ce 27ème épisode. La couverture laisse d'ailleurs un temps penser que le scénariste va creuser le sillon du mystère extraterrestre pour expliquer les incroyables statues de Rapa Nui (le nom autochtone de l'île). Que nenni. L'intrigue entremêle effectivement des affaires spatiales, auxquelles participe l'inévitable Axel Borg, mais plutôt dans un registre d'espionnage, qui convoque une autre figure mythique de l'époque et de la thématique, tout à fait authentique (cherchez bien, nous sommes en 1959...). L'épisode est cohérent et plutôt correctement ficelé, en tout cas bien plus crédible et moins grand-guignolesque que les précédents Enfant Staline et Mission Antarctique.