L'histoire :
Dans les locaux de son journal « Bien en vue », le journaliste Scott Leblanc se félicite de sa dernière interview de la star Laurette Pujol (il l’a faite parler de son chien !). Néanmoins, son rédacteur en chef ne lui tient pas rigueur de cette frivolité : il l’envoie interviewer son ami le savant Moleskine, pressenti pour le Nobel de physique. Une fois chez Moleskine, confortablement installé sur la terrasse pour les besoins de l’interview, Leblanc n’a qu’une ambition : le faire parler de son chat… Mais il n’en a pas le temps : une explosion retentit, qui détruit le bureau du savant ! Après un rapide tour des dégâts, Moleskine comprend qu’on vient de lui dérober l’une des 4 parties de la formule secrète qui pourrait conférer une puissance prodigieuse à de funestes desseins : le rayon Zeta. Celui-ci permet en effet d’arrêter à distance l’alimentation électrique de n’importe quel moteur. Or, ce secret, il le partage depuis des années avec 3 autres savants : Mortamort, Seigle et Fudge. Après un coup de fil à Mortamort, Moleskine se fait conduire par Leblanc (qui n’en a rien à cirer de cette histoire de chimie…) chez Seigle. Mais ce dernier reste introuvable et son labo est intact. Moleskine et Leblanc s’envolent donc pour Londres, pour rendre visite à Mortamort. Leblanc en profite pour emmener en voyage Tino, son canari…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album est une curiosité qui ravira à coup sûr les gros amateurs de BD. Il s’agit d’une aventure dans la grande tradition des petits classiques de la culture BD belges, mais scénarisé par un auteur qui n’a absolument jamais évolué dans le registre : Philippe Geluck ! Le papa du Chat, d’ordinaire rompu à l’absurde et à l’humour décapant, s’en tire néanmoins fort bien dans l’animation d’une vraie intrigue à « suspens »… Bon, certes, il ne peut pas s’empêcher de truffer ce (premier ?) tome de références truculentes, de répliques astucieuses, de bons mots et en ce sens, il oscille ainsi entre l’aventure et la parodie. Par exemple, le Scott Leblanc du titre, dont tout indique qu’il est le héros (il ressemble à Tintin, auquel on aurait fait une mise en plis), est sans doute le journaliste le plus crétin et inutile du 9e art. Il ne s’intéresse qu’aux animaux de compagnie et se retrouve embarqué dans cette quête d’invention volée que bien malgré lui. Autre exemple : l’équipe de savants est une parodie savoureuse d’illustres confrères : Mortimer (Mortamort), Tournesol (Seigle) et Champignac (Darmagnac). Le format d’édition participe aussi de cet hommage : mise en page et pages de gardes dignes des albums des années 50, dos toilé rouge, intégralement dessiné en « ligne claire »… Car le dessinateur Devig (alias Christophe de Viguerie) fait en ce sens lui aussi honneur aux standards du genre, utilisant à fond tout le registre du décorum retro. Bref, une BD vintage rigolote et surprenante, comme on ne croyait plus en lire.