L'histoire :
Un soir, dans une belle demeure des environs de Bruxelles, une poignée d'hommes fomentent une machiavélique opération étatique baptisée « Reconquista ». Le lendemain, Scott Leblanc, journaliste spécialisé dans la presse animale, s'enorgueillit auprès d'un ami d'avoir décroché une interview du roi Baudouin, dans quelques jours ! Le monarchie doit évoquer en sa compagnie sa relation avec les animaux... Mais Scott tombe aussitôt dans un guet-apens tendu dans une animalerie. Assommé par deux inconnus, il se réveille ligoté dans une cave, où on lui présente un sosie parfait du roi Baudouin, destiné à être un rouage d'une vaste conspiration destinée à établir un ordre nouveau ! Quelques jours plus tard, la mère de Scott contacte son ami le professeur Moleskine car elle n'a plus de nouvelles de son fils. Moleskine quitte donc Paris pour partir à sa recherche. Il suspecte immédiatement que quelqu'un cherche à se faire passer pour Scott lors de l'interview de Baudouin. Son enquête l'emmène dans la même chambre d'hôtel où a séjourné Scott (il y trouve l'adresse de l'animalerie dans la corbeille à papier), puis au Théâtre de la Monnaie où l'interview a été programmée. Hélas, Moleskine ignore qu'il arrive trop tard : le sosie a déjà remplacé le roi, qui a été kidnappé à son tour...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand il ne philosophe pas par l'humour absurde avec son Chat, le Belge Philippe Geluck se la joue scénariste pour son compatriote Devig, dessinateur fidèle à une ligne claire désuète et néanmoins proprette et pas désagréable. La quatrième affaire auquel Scott Leblanc est cette fois confronté – en dépit de son plein gré – obéit d'ailleurs à un classicisme d'un autre âge. La conspiration d'état à l'encontre du roi des belges Baudouin – jeune, car le contexte est celui des années 50 – adopte des accents mégalomanes (le come-back du fasciste Degrelle !) et des événements rocambolesques façon Lefranc ou Blake et Mortimer. Looké comme Tintin (avec un nez en trompette et une coque ridicule à la place de la houppette), le journaliste Scott Leblanc incarne toujours un héros passif, incapable et ridicule avec sa sensiblerie à l'encontre des animaux. Son compère Moleskine mène heureusement les débats avec une virilité en contrepied, qui l'amène même à tuer d'ignoble manière différents animaux, comme un cruel pied de nez. Quelques petites répliques misogynes et ironiques mises à part, on ne retrouve cependant toujours pas la pleine verve humoristique géniale dont sait faire preuve Geluck. L'auteur semble coincé entre son envie de burlesque et son respect envers l'âge d'or de la BD-à-papa. Scott Leblanc ressemble à une madeleine de Proust : gentiment distrayant, étrangement vieillot, mais pas tout à fait convaincant.