L'histoire :
Nous sommes en 1968. A Paris, le quartier latin d’embrase et les USA connaissent une série de manifestations pour la paix au Vietnam. Le journaliste Scott Leblanc, spécialiste de la cause animale à la rédaction de bien en vue termine une interview d’un chanteur qui commence à connaitre le succès, Charles Aznavour. Une coïncidence mène le professeur Moleskine dans les locaux de la rédaction et… il se retrouve piégé, à devoir accompagner Scott pour un déjeuner avec sa maman. Chez Mme Leblanc, Moleskine et Scott font la connaissance d’un de ses locataires, l’universitaire vietnamien Monsieur Lé. Mais l’homme oublie sa mallette et lorsque Scott et Moleskine tentent de la lui rapporter, ils le découvrent fraîchement assassiné dans la rue. Dans ses derniers mots, Lé évoque son « fils » et demande à ce qu’ils protègent la mallette de la police. Au calme chez Mme Leblanc, l’érudit Moleskine qui a jadis vécu au Viêt-Nam s’empresse d’en examiner le contenu. Il découvre des documents politiques à scandale et une photo de Lé… en compagnie de son ex-compagne, Anh, et d’un bébé qui pourrait être son propre fils ! il n’en faut pas plus pour proposer à Scott un petit voyage en terres asiatiques…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré les garde-fous juridiques mis en place par la société Moulinsart, le 9ème art n’a jamais réussi à oublier Tintin. Il faut dire que l’œuvre d’Hergé est fondatrice, d’une richesse inouïe. En somme, elle a tout inventé. C’est assurément ce monument de la BD qui a inspiré Philippe Geluck et Devig (nostalgiques ?) pour leur Scott Leblanc. L’époque, la ligne claire, les intentions vertueuses et le faciès débonnaire du héros : tout est inspiré de l’atmosphère de Tintin. Jusqu’aux attitudes parfois importées de nos souvenirs de lecture de jeunesse (Scott sautant de joie en criant Eureka !). Pour autant, il ne s’agit ni de parodie, ni de plagiat : la série développe ses propres contextes et les personnages dévoilent des personnalités distinctes de ceux d’Hergé. D’ailleurs, on retrouve bien la griffe Geluck à travers moult répliques et rebondissements qui confinent à l’absurde. Or n’est pas Hergé qui veut : ces zests humoristiques bienvenus mis à part, cette troisième aventure en elle-même reste comme les deux précédentes un peu fade – et c’est là que se trouve la limite de cet hommage à un genre désuet. Cette fois, Scott et Moleskine, une nouvelle fois partenaires malgré eux, et accompagnés d’un cochon (ingrédient indispensable à la fantaisie made in Geluck), se confrontent au Viêt-Nam à quelques réalités politiques et familiales. Si elle semble parfois décousue, la trame d’espionnage a le mérite d’être imprévisible et légèrement excentrique, tout en restant grand-public. Le trait de Devig emprunte quant à lui agréablement et le plus sérieusement possible la veine tintinesque (à quelques erreurs de proportions près), sans jamais arriver à la cheville du maître.