L'histoire :
Palais de Justice de Paris. Le procès de Jérôme K. s’ouvre devant le tribunal. Il est accusé d’avoir fait perdre des millions d’Euros à sa banque. Mais au-delà des agissements d’un trader, cette affaire est aussi un procès des excès de la finance. Anthony P. est appelé à la barre pour témoigner. Ce trader repenti, auteur du best-seller Ma vie avec les requins. Plongée dans les eaux troubles de la finance détaille le rôle du simple trader : protéger leur employeur (la banque) contre les risques pris en vendant des produits financiers dits complexes. Ils sont là aussi pour spéculer en prenant des risques assumés dans la recherche d’un profit. Leurs rémunérations sont vertigineuses. A la City, ils sont près de 2 000 rémunérés en moyenne plus de 2 millions d'euros par an. La France n’est pas en reste : les traders de la Société Générale ont touché plus de 800 000 euros/an ; ceux de BNP Paribas près d’un million dEuros. Mais les européens sont des petits joueurs à côté des américains. Un trader de Goldman Sachs a touché 12 millions d'euros, l’année dernière. Ces écarts s’expliquent par la part de rémunération variable. Un trader gagne quatre fois plus d’argent avec ses bonus qu’avec sa simple fiche de paie. Décidément, ce procès s’annonce riche en enseignements !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À l’heure où l’affaire des Panama Papers agitent l’actualité, Les Aventuriers de la finance perdue prennent toute leur dimension. Écrit par le journaliste Christian Chavagneux (Alternatives Économiques, France Inter, BFM Business), cet album se veut délibérément pédagogique, comme l’indique sa phrase d’accroche : « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la finance… sans jamais oser le demander ». Ici, tous les protagonistes ne sont pas expressément nommés (sauf le nom des banques et des institutions financières), mais nul besoin d’être un expert pour ne pas reconnaître Jérôme Kerviel, Thomas Piketty, Christine Lagarde et compagnie… Rentrer dans cette histoire n’est certes pas toujours très simple, tant le texte est fourni (en informations), mais une fois que les verrous sautent, c’est un régal. Les traders, les mécanismes bancaires, la crise de 2008, les paradis fiscaux sont au menu, et dévoilent un système où la course au blé est omniprésente. Heureusement, les garde-fous économiques essaient tant bien que mal de juguler cet appétit outrancier en capitalisme. Tout est expliqué de façon didactique, chiffres à l’appui, pour que tout le monde – même le profane – s’y retrouve. James, connu pour ses albums acides chez Fluide Glacial, accompagne les textes avec son trait vif et semi-réaliste si caractéristique. Son sens de la dérision et son goût pour la répartie apporte un vrai équilibre à l’ensemble. Il mixe les références empruntés à la culture populaire (zombie, Florent Pagny, Caliméro, Super Mario… Raghi) avec les grandes figures de la planète politique et économique, d’hier et d’aujourd’hui (Eisenhower, Reagan, Thatcher, Joseph Stiglitz). Et tout ça dans un seul but : faire rire… indispensable par les temps qui courent !