L'histoire :
Kiriel, un fringant buggel, s’enivre à grandes doses de kirlotte avec ses amis de la taverne de Maître Khyr. Lorsque soudain, leur petite fête est interrompue par l’entrée d’un éminent personnage. Encadré par une escorte cérémonieuse, le grand chambellan Khorg lui annonce qu’il est convoqué par sa majesté Kéréas 1er devant le grand Khoonseil pour un conciliabule extraordinaire. Cette nouvelle n’entache pas la bonne humeur de Kiriel, qui reprend sa beuverie sitôt le chambellan parti. Le lendemain, le jeune buggel s’habille chaudement pour traverser les rigueurs de l’hiver, jusqu’au pied de l’arbre où se trouve l’entrée du Khoonseil. Là, à grand renfort de schémas et de cartes de la bretonie, le roi Kéréas et les autres membres du Khoonseil lui expliquent qu’ils s’attendent à une invasion souterraine et imminente des Diddles Noz, leurs héréditaires ennemis venus d’outre-Manche ! Charge à lui, ainsi qu’à maître Kwill, un autre buggel noz, d’enquêter sur les plans des Diddles. Toutefois, le roi donne un rendez-vous secrets aux deux buggels, tout en haut de l’arbre blanc sacré, afin de leur apporter un complément d’information la nuit venue. Car jadis, il a bien connu ce peuple que tous croient être aujourd’hui ennemi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Savez-vous ce que sont les buggels ? Pour Alan Simon, écrivain et cinéaste imprégné de culture bretonne, ces folkloriques créatures vivant en parallèle des humains que nous sommes, sont une sorte de lutins ou de korrigans, mus par une énergie folle et une persistante joie de vivre. Un gros pif, de longs pieds et les oreilles en pointes, ils habitent dans les épaisses forêts du pays armoricain ; et il ne faut surtout pas les confondre avec leurs ennemis des Cornouailles, les Diddles, qui leur ressemblent pourtant en tous points. Ce premier tome propose de mettre en confrontation ces deux espèces cousines du petit peuple celtique… quoique leur antagonisme soit ici manifestement manipulé par une tierce force menaçante. Le format de ce tome d’exposition est de petite taille, alors que paradoxalement, le dessin de Jean-Marie Michaud, tout maîtrisé soit-il, se révèle ultra-détaillé, dense, pour en pas dire très chargé. Le dessinateur truffe ses cases de détails, de décors, de scènes en arrière-plans, qui ne manquent certes pas de truculence, mais qui n’aident pas à un parcours idyllique de l’œil sur ses planches. Cela ne serait pas trop gênant si le scénario de Simon ne rajoutait pas lui aussi des louches de dialogues et de mini phylactères par-ci-par-là, dont la plupart sont superflus et digressifs par rapport à la trame de l’histoire. De fait, l’intrigue se dilue régulièrement, le lecteur en perd parfois le fil, pour se gausser de détails ou de répliques miniatures qui confinent parfois au burlesque. Plus qu’un parti-pris, cette voie narrative trahit une première œuvre d’un scénariste qui n’a pas « appris » les canons académiques du 9ème art. Tel des buggels, regardons plutôt le verre à moitié plein : cela permet une progression anticonformiste, une fraîcheur sur l’éculée mythologie celtique en BD et une bonne humeur communicative…