L'histoire :
Ruben, Elias et Prev sont un trio de cambrioleurs de haut vol et originaires des balkans, qui louent leurs services à hauts risques à différentes mafias européennes. Actuellement, ils se trouvent à Paris, dans le quartier des ambassades. Ruben, qui est un as de l’escalade, grimpe en haut de la façade d’un hôtel particulier hausmanien. Il repère juste les lieux et se trouve mis en fuite par une femme qu’il réveille dans son lit. En repartant à pas de chats, il découvre un sniper, immobile et embusqué sur un toit. Puis il rentre à son repaire, où il fait son rapport à Elias et Prev. La nuit suivante, Elias l’accompagne à l’intérieur de l’immeuble. Piano à queue, déco moderne, animaux africains empaillés : c’est le grand luxe. Ils sont alors surpris et mis en fuite par des léopards, des vrais, qui gardiennent l’appartement. Leur cible serait-elle trop grosse pour eux ? En tout cas, le propriétaire des lieux – a priori un diplomate véreux qui traite avec les hauts fonctionnaires de l’ONU – repère l’intrusion et sait pertinemment ce que les cambrioleurs cherchaient…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir cherché à s’emparer du trésor de guerre des narcotrafiquants issus de l’ex-Yougoslavie, nos Cambrioleurs s’intéressent à la corruption onusienne dans le programme d’aide alimentaire somalien. Décidément, le sujet de la cambriole est inépuisable et inventif… Ici, les choix narratifs sont ambitieux, l’ambiance sombre et glauque à souhait, l’édition soignée… et pourtant, ce second volet confirme le statut d’une série quasi hermétique, la plupart du temps fastidieuse à pénétrer. Il y a plusieurs raisons à ce sentiment plus que mitigé, malgré la prise de risque louable et assumée de la méthode. D’une part, des séquences muettes s’alternent avec d’autres plus bavardes, des palabres complexes difficiles à attribuer à tel ou tel personnages, parfois plaqués sur un cœur d’action décalé. D’autre part, un usage abusif et volontaire d’ellipses, une prise de distance maximale avec les protagonistes, aussi bien dans leur psyché que dans la rigueur de leurs formes, de leurs traits de visage sans application. Enfin graphiquement, les vues sur des décors soignés, fidèlement recopiés depuis des clichés, s’alternent avec une action des personnages en mouvements souvent bruts, comme esquissés en 3-4 traits avec un pauvre aplat terne en fond de case (les combats…). Au final, on ne comprend que globalement ce qu’il se trame. Ainsi délivrée, cette histoire de cambrioleurs professionnels et internationaux s’attaquant dans ce second opus à de « gros poissons » africains, ne passionne guère. On sent bien que Jack Raynal s’empare d’un propos fort – le grand-banditisme cosmopolite, amoral et sauvage ; les détournements mafieux sur le dos des programmes alimentaires – et qu’il a le désir de le traiter par un prisme austère et hard-boiled… mais le résultat avoisine la définition d’imbitable.