L'histoire :
The Idiot Boy est un long poème de 452 vers de William Wordsworth. Il raconte le périple à cheval, la nuit, de Johnny, le fils simple d’esprit de Betty Foy. Leur vieille voisine est malade et il faut aller à la ville… Dans Waverley, Walter Scott dresse le portrait d’un garçon probablement autiste, dans l’Ecosse victorienne. Quasimodo, dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, est élu pape des fous grâce à un concours de grimaces qu’il remporte haut la main car « la grimace était son visage. Ou plutôt toute sa personne était une grimace. » Balzac, dans Le Médecin de Campagne, dépeint un village entier pris de pitié et de charité chrétienne pour « son idiot », alors que le médecin a un regard déjà moderne et professionnel sur l’affection. Dans Voyages en Zigzag, Rodolphe Töpffer raconte ses multiples voyages dans les Alpes, qu’il a sillonnées dans tous les sens et qui lui a permis de dresser de nombreux portraits de goitreux et de crétins, nombreux à l’époque, notamment dans le Valais, sans curiosité ni répugnance, mais avec un point de vue à la voie externe et familier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’humanité n’est jamais aussi humaine que lorsqu’elle est décrite par un écrivain. Albert Algoud a ici convoqué les plus grands : Hugo, Céline, Balzac, Scott, Giono, Dicken, Verlaine, Zola et de nombreux autres. A travers des extraits de chefs d’œuvres de la littérature, est dressé un portrait de « l’anormalité » mentale. On y croise des crétins, des idiots du village, des handicapés, des attardés mentaux, des fadas, etc. Et leur humanité éclate au grand jour, leur place parmi les hommes justifiée (s’il le fallait) par leur présence au panthéon de l’Art, immortalisés par les plus grands croqueurs d’esprits et de manières, ces figeurs d’éternité que sont les grands écrivains. Pourquoi s’en préoccupe-t-on ici, sur une planète entièrement dédiée à la bande dessinée ? Simple (et pas seulement d’esprit). Albert Algoud n’est pas qu’un homme de lettres. Tintinolâtre, ancien de L’Echo des Savanes et de Hara-Kiri, l’auteur du Dictionnaire Amoureux de Tintin a réuni un impressionnant aréopage de dessinateurs, où l’excellent le dispute à l’immense, voire à l’immortel. Jugez plutôt : on va de Baru à Cabu, en passant par Enki Bilal, Tardi, Schuiten, Zep, Goossens, Riad Sattouf et on en oubliera forcément, parce que tous les citer décuplerait la taille de cette chronique. Avec une ou deux illustrations par texte, les dessinateurs d’aujourd’hui posent un œil sur les romanciers ou poètes d’hier et avant-hier. Quelquefois drôles, d’autres fois poétiques, ils ajoutent un brin de modernité et une touche lunaire au magnifique travail de recollage et de compilation d’Algoud. C’est beau, c’est tendre agréable, c’est féroce et c’est drôle. Ca ressemble tellement à ce génial touche-à-tout…
