L'histoire :
Le 21 mars 1943, Raymond n’a que 18 ans lorsqu’il annonce à son père, au comptoir d’un café toulousain, qu’il a décidé de s’engager dans la résistance française et qu’il entraine son petit frère Claude avec lui. Son père est terrifié à cette idée, mais il comprend. Par l’entremise d’intermédiaires prudents, Raymond et Claude entrent alors en contact avec « Jacques ». Raymond lui avoue vouloir entrer dans la RAF ou parmi les maquisards pour tuer des nazis… Jacques lui explique que leur combat se livre vraiment dans la rue. Il leur donne une adresse où ils pourront loger, s’occupe de leur faire de faux papiers et de leur fournir des tickets de rationnement. Puis un premier exercice leur est confié : piquer deux bicyclettes ! Mission réussie : ils se rendent chez Charles, le « technicien » de la 35ème brigade, un immigré espagnol avec un accent abominable, sans dents de devant. Autour d’un bon repas, Jan, le chef de brigade, leur explique quelques méthodes et relate l’arrestation du précédent chef, Marcel, qui vient juste d’être condamné à la guillotine. En représailles, Raymond, qui se fait désormais appeler Jeannot, propose d’abattre un officier allemand en pleine rue et de répandre un tract concomitamment. Ce sera sa deuxième mission…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La particularité de cette « énième » histoire de la Résistance Française est double. D’une part, elle nous propose une immersion en profondeur et en longueur (l’opus fait 158 planches !) au sein d’une brigade de jeunes militants courageux et particulièrement engagés. D’autre part elle est authentique : il s’agit de l’adaptation d’Un sentiment plus fort que la peur (paru en février 2013), un roman de Marc Levy (l’écrivain français « le plus lu dans le monde »), inspiré par les Mémoires de guerre de son père. Les nombreux documents d’époques en annexe le révèlent : le principal héros, Raymond Levy, alias Jeannot, c’est lui, qui a combattu au sein de la 35ème brigade de Toulouse. Avec son dessin semi-réaliste régulier Alain Grand transpose ici une adaptation BD relativement captivante, grâce à un contexte tendu et des héros attachants, prêts à mourir pour une cause qui s’est révélée juste. Car des convictions, il fallait en avoir pour que ces jeunes gens risquent ainsi leurs vies, se sachant considérés comme terroristes par un état militairement occupé. La narration romance particulièrement bien cet engagement mâtiné de bravoure et de sacrifices. Nos personnages trafiquent, livrent des armes, tuent des nazis, créent des attentats, encaissent la perte de proches et finissent par vivre l’interminable enfer d’un des pires trains de déportation.