L'histoire :
Odense. Hans Andersen, un cordonnier âgé de 20 ans, tout au plus, épouse une blanchisseuse de 40 ans. Deux mois seulement après leur union, naît un garçon qui ressemblait beaucoup à son père. Celui-ci, poète à ses heures perdues, partage son univers merveilleux avec son enfant. Pour lui, les fleurs, les arbres ou les souliers parlent et nous voient. La femme du cordonnier ne voyait pas le monde de cet œil-là. Elle fait dans le pragmatisme. Elle lave le linge de ceux qui vivent dans la maison des fous. Le petit Hans Christian y discute souvent avec son grand-père paternel, qui lui parle de trolls et de trolls. Un jour, Hans Christian part à la guerre croyant trouver fortune. Mais c’est l’infortune qui trouve. Il revient malade et succombe. Hans Christian est triste. Qui va lui raconter de belles histoires désormais ? Le petit garçon se fait remarquer par sa voix. Il chante comme une diva. Sa voix fait jaser, on le prend pour une fille. Hans Christian a 14 ans. Il rêve de partir. Chose qu’il fait avec quelques sous en poche. Il prend ses cliques et ses claques pour rejoindre Copenhague. Là-bas, il est sûr de devenir le plus grand chanteur du monde. Et si le destin lui jouait un joli tour ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Hans Christian Andersen, vous le connaissez forcément. Ou plutôt, ses contes : Le vilain petit canard, La petite sirène, La petite fille aux allumettes... c’est lui ! La reine des neiges (Libérée, délivrée, je ne mentirai plus jamaaaaaaisss), c’est encore lui ! Avant de devenir conteur, il voulait être chanteur, puis danseur ou dramaturge. C’est finalement par ses contes que l’homme s’est fait mondialement connaître. Plus que sa vie en elle-même, ce sont ses zones d’ombres qui sont passionnantes. Nathalie Ferlut s’empare de celles-ci à bras le corps et nous plonge littéralement dans l’univers fantasmagorique d’Andersen, par ses textes brillants et son sens maîtrisé de la narration. Un monde peuplé de créatures étranges. On se retrouve dans la tête d’Andersen. Sa sensibilité est à fleur de peau. Son jusqu'au-boutisme lui a permis de capturer la gloire et la fortune de son vivant, bien qu’il ne touchait pas de droits sur ses œuvres publiées à l’étranger. C’est un homme heureux et – revers de la médaille oblige – malheureux également. Son physique ingrat et son homosexualité avérée l’empêche de s’épanouir dans ce monde-là où la différence n’est jamais bien vue. Au dessin, Ferlut est dans la lignée de son précédent album (déjà un conte), Eve sur la balançoire. Elle est même un cran au-dessus. Elle nous emmène dans un voyage extraordinaire où les yeux sont mis à contribution. Elle mélange les styles, les techniques de dessin. C’est un foisonnement graphique avec des nuances de carmin, de jaunes solaires et de bleus intenses ! Un merveilleux petit bijou de BD, à découvrir absolument.