L'histoire :
A la recherche de talent à manager, Peter Grump écume les clubs et petites scènes de Londres. Dans un club de blues de Soho, son attention s’est portée sur Jimmy, un loup guitariste, qui avait un son à lui. Pris de court par un autre chasseur de talent travaillant pour une maison de disque, Peter voit rouge et balance un petit crochet du gauche qui met son vis-à-vis « knock-out » mais surtout déclenche une bagarre générale dans l’établissement. A peine, le premier coup donné, Jimmy sort un solo électrisant, paralysant Peter. Il en est sûr, ce guitariste est un génie et fera la différence. Le groupe était sur les rails car Jimmy le guitariste est toujours accompagné de John Paul son bassiste. Il ne manque plus qu’un batteur et surtout un chanteur avec une gueule comme Jagger ou Bowie. Quelques jours plus tard, Peter et Jimmy descendent au pays de Galles où un chanteur fait tomber les filles avec des refrains envoutants et une belle gueule. Dès les premières mesures, c’est le batteur qui se fait remarquer. Robert, un zèbre qui balance le rythme tel des uppercuts dans la foule. Peter est conquis par la force de la bête. Et d’un coup, John, l’ange blond sorti de la savane primitive, balance son refrain, laissant les groupies le souffle court. Peter a maintenant ses quatre musiciens de génie. Il va devoir mettre tout son talent sur la balance pour signer avec une maison de disque...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les sauvages animaux est un one shot anthropomorphique sur le thème du rock, dont le coup de projecteur est donné sur l’homme de l’ombre, le manager. Dans le scénario imaginé par Stephen Desberg, pilier de la bande dessinée franco-belge, le lecteur suit Peter Grump, un ours anglais au mental et surtout aux mains d’acier, manager du groupe de rock les sauvages animaux. Le récit est très plaisant à suivre. Il est à la fois drôle et touchant. Le groupe prend l’escalier vers le paradis jusqu’à toucher les étoiles avec une tournée mondiale. Puis viennent les premiers conflits, les premières chambres d’hôtel détruites, l’alcool, le sexe et la violence. Peter Grump doit gérer les humeurs de son groupe et les crises. Johan De Moor se charge de l’environnement graphique de l’album. Les deux auteurs ont déjà collaboré ensemble sur la série Gaspard de la nuit ou encore La Vache, parue toutes deux chez Casterman. De Moor plonge le lecteur dans les années 70 avec ses pantalons aux pattes d’eph XS, l’esprit hippies et la folie des scènes rock à la woodstock. Outre l’anthropomorphisme du groupe de rock et du manager, le trait est semi réaliste tirant vers la caricature. Il est à signaler que la coloration des planches est très jolie et punchy. Ainsi, les deux auteurs nous embarquent dans l’ambiance rock des années 70 avec un récit pêchu, drôle et touchant et un environnement graphique très plaisant. Malheureusement pour le lecteur, la bande dessinée ne permet pas de retranscrire le son car il aurait été remarquable d’entendre un riff ou un solo de guitare de Jimmy, le déchainement de violence de Robert à la batterie ou la voix enchanteresse de John. Cependant, il reste toujours les hits des années 70 de Led Zeppelin, Pink Floyd, Bowie ou encore AC/DC pour s’imaginer l’ambiance musicale de l’album.