L'histoire :
Les trois mousquetaires sont quatre : Aramis hésite toujours à entreprendre une carrière d’ecclésiastique, mais il est habile de ses pistolets mousquets ; Porthos parle moins et moins bien, mais c’est parce qu’il a souvent la bouche pleine ; Athos conserve son flegme en toute circonstance, même lorsqu’il se bat en duel contre 5 bretteurs en même temps ; quant à D’Artagnan, il combat toujours avec panache et sans oublier d’humilier ses ennemis. Au départ, tandis qu’ils sont en formation au sein de la garde de Mr de Tréville, ils portent des tenues d’un bleu électrique très criard. Un designer de mode s’insurge et intervient pour les relooker. Le bleu outremer est déjà plus seyant. Leurs péripéties sont écrites comme ça lui vient par Alexandre Dumas – deux siècles après – sous la férule de son épouse comédienne Ida Ferrier, qui intervient et commente sans cesse. Régulièrement, Dumas désoriente la trajectoire de son récit afin de compenser positivement ou négativement les réactions de sa moitié. Ainsi D’Artagnan était-il au départ beaucoup trop séduisant, au regard de l’engouement de Mme Ferrier. Dans son récit manuscrit, Dumas lui ajoute donc un furoncle, un strabisme, une jambe plus courte que l’autre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un film français à gros budget est sur le point de sortir, qui adapte (une fois de plus) le célèbre roman-feuilleton d’Alexandre Dumas, Les trois mousquetaires. Il n’en fallait pas plus pour susciter une (nouvelle) flopée de (nouvelles) adaptations en BD. En marge de l’adaptation stricto-sensu des romans (par les éditions Plein Vent), ce sont ainsi pas moins de deux titres que publient les éditions Casterman : l’un en manga (par Néjib et Cédric Tchao), l’autre que voici, par Gilles Rochier et Fabrice Erre, sous un prisme plutôt déconnant. Nos trois mousquetaires, qui en fait sont quatre, font ici les kékés avec leurs confondante aisance dans le maniement des fleurets ; et la nique à Milady de Winter, intrigante manipulée par le sombre Richelieu. A travers la verve humoristique des auteurs, Richelieu apparait plus proche d’un Gargamel rageur que de l’authentique ministre-cardinal qu’il fut. Sous les crayons rigolos d’Erre, les caméos et les références anachroniques s’enchaînent, de Star Wars à Karl Lagerfeld en passant par le divan de Freud, Taxi Driver et des sujets de société et les gimmicks très actuels. C’est marrant, sans casser trois pattes à un canard non plus.