L'histoire :
Les trois mousquetaires – qui sont en réalité quatre depuis qu’ils ont été rejoints par le jeune d’Artagnan – attaquent la forteresse où se trouve les forces armées du Cardinal de Richelieu. Ils sont a priori méfiants, mais n’ont pas le temps de modérer la subtile tactique de d’Artagnan : défoncer la porte et leur rentrer dans le lard. Résultat : d’Artagnan tombe dans un piège tendu par Milady et se retrouve en train de pendouiller sous une corde, attaché par une cheville. La confrontation entre Milady et d’Artagnan est globalement improductive. Car le 4ème mousquetaire est totalement crétin ; et Milady utilise des techniques ésotériques à la marge des altercations frontales pour parvenir à ses fins. Elle concocte par exemple des poisons, ou elle fait de la magie vaudou. Bref, c’est du n’importe quoi, comme le souligne l’épouse d’Alexandre Dumas à son mari écrivain de ce feuilleton de cape et d’épée. Madame Dumas tient à ce que d’Artagnan soit préservé : il ne peut certainement pas mourir empoissonné ! Elle fait du chantage à la soupe froide et la porte de chambre fermée. Dumas écrit donc un rebondissement improbable pour tirer son héros de cette mauvaise passe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ces Trois mousquetaires là ne sont clairement pas ce que Fabrice Erre a produit de plus finaud et zygomatique. Le tome 1 était paru au moment de la sortie du premier volet de l’adaptation ciné… ça ne manque pas : ce tome 2 parait au moment de la sortie du second volet de la même adaptation ciné (avec Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, François Civil, Eva Green…). La promo des deux films est même proposée en fin d’album sur une double page et la titraille est la même. Le scénariste Gilles Rochier répond donc à un travail de commande pour lequel il a ramé pour trouver de quoi composer 46 gags parodiques sur la thématique du célèbre roman-feuilleton d’Alexandre Dumas. Pour ressorts humoristiques, tous les poncifs sur le sujet sont donc amplifiés : D’Artagnan est un néophyte benêt ; Porthos un goinfre qui ne pense qu’à la bouffe (façon Averell Dalton) ; Milady et Richelieu des calculateurs démoniaques ; Louis XIII consulte un psy… L’écrivain Dumas est lui-même présenté comme tyrannisé et régulièrement recadré par sa femme. Et tout ce petit monde tricote autour du siège de la Rochelle, puisque c’est là le sujet du second roman de Dumas (et donc du film). Erre tire le meilleur parti possible de cette matière à travers son dessin ultra caricatural qui joue avec les focales exagérées ou une gestion élastique et bidonnante des cinq doigts des mains (on a parfois l’impression qu’il y en a 6, tant ils sont autonomes).