L'histoire :
En 1702, cinq navires arrivent près d’une île. Ils doivent se mesurer à un seul homme, mais leur commandant est inquiet. 5 ans plus tôt, en Provence, dans la propriété du comte Lionel de Saint-Jean, Olivier Misson est présenté au comte par sa fiancée, filleule de cet homme de pouvoir qui pourrait l’appuyer pour un poste prestigieux. Le vieux comte emmène le jeune homme faire un tour, en le félicitant pour ses écrits. Arrivé dans une grange, il lui montre cinq esclaves qui ont tenté de s’enfuir de ses terres. Malgré l’interdiction de l’esclavage en France métropolitaine, le comte blesse mortellement les hommes noirs, en donnant au jeune homme la possibilité d’abréger leurs souffrances. Il considère que Misson doit montrer son attachement à la famille, lui qui écrit des pamphlets libertaires qui déplaisent à Saint-Jean… Triste, abattu, blessé, Misson se réfugie dans les bras de sa maîtresse, Victorine. A Rome, le père Caraccioli, qui s’arrange avec le péché de chair, est intransigeant avec l’effort de partage pour les plus démunis. Mais le clergé étale sa richesse et son mépris des pauvres. Il va bientôt rencontrer Misson, qui s’engage sur un navire après avoir mortellement (croit-il) blessé Saint-Jean et libéré ses esclaves.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Libertalia serait une colonie libertaire fondée au début du XVIIIème siècle par un gentilhomme français. A en croire une encyclopédie intitulée « Histoire générale des plus fameux pyrates », signée d’un certain capitaine Johnson, qui ne serait en fait autre que Daniel Defoe, l’auteur de Robinson Crusoé… Alors, l’histoire de Misson et de Libertalia, réalité ou imagination ? En tout cas, Rudy Miel et Fabienne Pigière foncent la tête la première dans cette aventure pleine de souffle et de passion. Le pitch est envoûtant, le scénario haletant, les dialogues efficaces. Le découpage de l’action est excellent, mis à part un choix étrange : le voyage de Misson et Caraccioli est présenté comme un journal de bord, mais sans date. On a alors l’impression d’une narration morcelée, saccadée par des allers-retours entre les océans et l’Europe, entre les viveurs et les chasseurs. Cela nuit au confort de lecture, et c’est dommage, tant tout le reste est agréable. Les dessins de Paolo Grella sont magnifiques, précis et réalistes, mais il a intelligemment choisi des couleurs un peu surannées pour donner de la patine à ses dessins, un côté daté et onirique à la fois. On ne sait pas si on est dans l’Histoire ou dans la fantaisie. Qu’importe ! Les décors sont magnifiques, les personnages expressifs et on est happé par le dynamisme de ses séquences. Malgré le caractère un peu spécial du héros, la morgue terrible de celui qui sait qu’il a raison mais qui ne survit que grâce à la chance, on a hâte d’assister à la suite de ces aventures…
