L'histoire :
Berlin, octobre 1928. Pabst, le fameux réalisateur expressionniste allemand, accueille Louise Brooks sur le quai de la gare. La célèbre actrice vient de quitter la Paramount au moment où ses dirigeants souhaitaient réduire le salaire des acteurs uniquement parce que cela leur chantait. Louise est là pour tourner un film, Loulou, dans lequel elle devra incarner le rôle d’une femme, « personnification de la sexualité primitive qui provoque le mal sans en avoir conscience ». Ce matin, Louise est dans le cirage. Elle a un peu de mal à se caler sur la ponctualité des membres de la production allemande. Louise n’est pas une lève-tôt, elle aime faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Pas plus tard, que la veille, elle a eu une nuit très mouvementée. Après avoir dansé du charleston et du tango, bu des verres et des verres de gin, elle a embarqué tous ses compagnons de virée nocturne à sa suite, à l’hôtel Eden. Georges, son compagnon et imprésario, l’attendait et a renvoyé tout ce petit monde. Passablement énervé, il a passé un sacré savon à l’actrice.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Louise Brooks est une actrice emblématique du cinéma des années 20-30. Avec cet album, signé Chantal Van Den Heuvel au scénario et Joël Alessandra au dessin, elle bénéficie pour la deuxième fois des honneurs d’une biographie dans le 9ème art (après Louise et les loups paru en 2012, chez Massilia BD). Le point de départ choisit par Van Den Heuvel est le départ de Louise pour la vieille Europe, où elle tourne son film le plus célèbre, Loulou. A partir de là, elle remonte les temps et nous fait découvrir toute sa vie passée. L’enfance dans une famille stricte, l’adolescence à New-York et le début de la gloire dans la danse contemporaine se succèdent. Le mythe Louise Brooks se construit pierre après pierre. Le cinéma s’en empare. Mais elle est « le poignard de sa propre plaie » comme elle aime si bien le dire, avec son franc-parler légendaire. Cette femme était libre, une étoile trop libre pour un monde perclus de conventions et de moralité. Cette biographie est illustrée par Joël Alessandra, qui délaisse, une fois n’est pas coutume, ses ouvrages évoquant l’Algérie coloniale. Son trait accompagné de couleurs douces convient parfaitement à l’évocation de cette femme aussi connue de la grande Marlène Dietrich à son époque. Une belle occasion de découvrir celle qui a su dire non aux diktats d’Hollywood, non sans conséquences pour sa carrière.