L'histoire :
De nuit, un marin amarre sa petite embarcation sur un quai désert de Douarnenez et prend le chemin à pied de son domicile. Il est alors accosté par trois personnages masqués et menaçant, qui disent être le fantôme de la Fontenelle ! Ils exigent que ce « passeur » cesse définitivement de faire traverser des artistes sur l’île Tristan. Cette île dont ce brigand était jadis gouverneur. Si le passeur persiste, la Fontenelle et ses sbires menacent de s’en prendre à sa femme et ses enfants… Ce harcèlement est un crève-cœur pour Frédéric Quatresous et la gardien de l’île, Morvan, qui organisent chaque année au moment du carnaval une série de spectacles sur cette île paradisiaque, où ils habitent. Car sans personne pour faire traverser les artistes et le public, le spectacle ne peut avoir lieu ! En marge de cette affaire, Lucien et sa petit sœur Violette arrivent chez leur grand-mère à Douarnenez, pour le carnaval. Lucien a prévu de se déguiser en Beetlejuice, Violette en pingouin et leur cousine métis Inès en Indiana Jones. Mais avant de passer à la phase des déguisements, Inès fait faire un tour en ville à son cousin. Elle en profite pour lui raconter la légende de la Fontenelle et les coutumes carnavalesques. Mais en rentrant, les enfants font une déplaisante rencontre avec trois jeunes agressifs et racistes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Direction la côte bretonne pour le petit Lucien, enfant vif et téméraire, piqué de mystères pseudo-fantomatiques. C’est-à-dire une région bien connue du couple d’auteurs – Delphine le Lay et Alexis Horellou – qui anime cette série jeunesse, et qui avaient déjà proposé en 2013 une BD-enquête historique sur la centrale de Plogoff. N’en déplaise aux périls maritimes, cette histoire de faux fantômes manipulateurs n’a rien de nucléaire. A l’instar du tome 1, son dénouement se révèlera cartésien et classique par son intrigue, mais beaucoup plus enthousiasmant pour ce qui concerne l’humanité véhiculée et l’ouverture culturelle. A travers le naturel des réactions, les postures crédibles, l’environnement artistique ou les répliques qui sonnent juste, les personnages sont attachants, semblent véritablement exister et véhiculent des valeurs essentielles. C’est la grande force de cette série qui se destine à un très large public, et qui cerne néanmoins des affaires tout à fait probables, sous couvert de mystère fantastique initial. L’autre originalité bienvenue provient de la partition visuelle, sur un dessin à la fois stylisé et réaliste. A la colorisation astucieuse, qui décline un échéancier de teintes vertes-orangées éteintes, répond un découpage souvent fantaisiste mais parfaitement fonctionnel. Des enluminures, des bordures de cases courbées, des incrustations symétriques, façon vitrail, participent toutes d’un 9ème art aussi vivant qu’audacieux.