L'histoire :
Lucien, sa petite sœur Violette et ses parents changent radicalement de mode de vie. Leur sensibilité écologiste les amène en effet à quitter la ville et emménager dans une maison en pleine nature, à proximité immédiate du littoral et d’un village campagnard. De là, il est possible de tout faire à pied, et notamment pour les enfants d’aller acheter à l’épicerie locale de quoi manger le premier midi. Tandis que les parents déchargent la voiture, les enfants découvrent donc les lieux avec bonheur. Violette parce qu’elle cueille des fleurs dans la prairie, Lucien parce qu’il compte bien chasser les fantômes, sa grande passion. L’épicier un peu flippant attise dès lors son attention, en lui parlant du manoir abandonné en bordure de falaise, que le propriétaire mort continuerait de hanter. Il parait que certaines nuits, on l’aperçoit encore debout, face à la mer. Quelques jours plus tard, c’est la rentrée des classes et Lucien se fait de nouveaux amis. Il fanfaronne d’ailleurs en proposant qu’ils le suivent pour une expédition à la maison hanté, dès le lendemain à la sortie des cours. Le lendemain, les nouveaux copains de classe le suivent ainsi jusqu’à la grille. Mais c’est bien seul que Lucien pénètre dans le parc et la maison, juste armé d’un talkie-walkie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lucien et les mystérieux phénomènes se présente comme la bonne surprise jeunesse de ce printemps 2019. Les auteurs Delphine le Lay et Alexis Horellou étaient jusqu’alors plutôt identifiés comme évoluant dans un registre de « BD sociale » (Ralentir, Cent maisons, Plogoff, Le souffle court. Ils poursuivent logiquement dans cette lancée, sans se départir d’un message social fort, à vocation écologiste. Car toute cette histoire de fantôme et de manoir hanté se déroule d’emblée en marge d’une démarche de « reconversion » citoyenne pour la famille du jeune héros : ils quittent la ville pour la campagne, avec la ferme intention d’utiliser le moins possible leur véhicule, de supprimer les écrans et de vivre en harmonie avec la nature. Ce projet de départ n’est cependant qu’un contexte de fond, que l’on croisera de nouveau chez un autre personnage, par la suite du bouquin. Il ne forge cependant pas l’intrigue principale, qui fera bel et bien frissonner les jeunes lecteurs tout au long des 82 planches (une étonnante pagination, pour un bouquin jeunesse !). Ils s’assimileront à un jeune héros courageux et curieux, qui est plus attiré que terrorisé par les fantômes. Le dessin stylisé est appliqué, parfaitement mis en scène, détaillé, et inscrit par moment dans un découpage de cases qui rappelle l’Art Nouveau. Seul le parti-pris colorimétrique, donnant une impression de bichromies sixties, à partir de quelques teintes délavées et kitsch (et des ciels rouges !), paraîtra sans doute un peu austère aux jeunes lecteurs. Enfin le dossier final enfonce le clou de la vertu écolo en proposant des idées créatrices pour s’amuser et se passer d’acheter (faire un herbier, des bombes à eau en papier… ou du poil à gratter !)