L'histoire :
Le radio-réveil sonne. Corinne Mayère se lève et donne à manger à son chat. Une fois, son petit-déjeuner pris, la jeune femme se demande comment elle va s’habiller pour son premier jour dans son nouveau travail. Tailleur ou pantalon ? Ensuite, elle prend son scooter, non sans avoir regardé son itinéraire. À son arrivée, elle est reçue par Jean-François Poivroit, le chef de département d’EDÉF. Celui-ci l’informe de la philosophie de l’entreprise et lui montre l’organigramme. Il lui indique qu’elle va travailler avec Pierre Kirillovski, l’un de leurs chefs de projets. Première réunion. Après avoir été présentée, Corinne prend des notes. Les mots-clés : projet, synergie, interface, ressources, auto-porteur… Ensuite, elle fait la connaissance d'Arlette et Manon, occupées à papoter shopping. Elle croise Pierre qui lit son texte sur « les opportunités du marché en développant le marketing mix ». Il trouve que tout ça manque de style et trace une croix rouge sur son texte. Elle rencontre Yann, le syndicaliste, qui l’invite à se mobiliser contre la privatisation, car les salariés vont morfler… À peine arrivée, elle se sent déjà fatiguée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant la BD, il y a eu un livre, Bonjour Paresse : De l'art et de la nécessité d'en faire le moins possible en entreprise (le titre est un hommage à Bonjour Tristesse de Françoise Sagan). Cet ouvrage sorti en 2004 a remporté un franc succès en librairie avec plus de 500 00 exemplaires vendus dans le monde (traduit en 25 langues). Pour la petite histoire, l’essai a d’abord connu un tirage confidentiel avant de connaître un boom médiatique avec la parution d’articles dans la presse, pour devenir un véritable phénomène littéraire. Comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, Corinne Maier, à qui on doit les bios singulières de Marx et de Freud chez Dargaud, a adapté elle-même son best-seller en BD. Elle montre ici la dimension kafkaïenne de l’entreprise (ce qui lui a valu d’ailleurs un licenciement en bonne et due forme) perdue dans un jargon marckété à mort. Elle revient aussi sur l’emballement médiatique qui s’en est suivi (passage chez Ardisson, Courbet). Son histoire lui échappe. Elle n’échappe pas au contraire au dessin d’Aurélia Aurita qui interprète le tout avec la subtilité graphique qu’on lui connaît. Son trait, bien que simpliste, reste expressif. Ceux qui ont connu la joie de travailler pour une grosse boîte s’y retrouveront à coup sûr !