L'histoire :
Tout va mal dans la famille Filochet. Le père est alcoolique et chômeur, la mère éboueur vient de perdre son emploi et le fils aîné Gustave a un énorme problème physique : il a une gueule de mérou. En fait, il n’y a que le petit frère Miquet, qui n’a pas de problème. D’une sagesse exemplaire, il passe ses journées à couvrir des pages et des pages de dessins. C’est alors qu’un soir, frappe à la porte le docteur Balibar. Directeur d’un cirque très particulier, il a entendu parler de la difformité de Gustave. Il propose à ses parents de l’embaucher dans sa parade itinérante de monstres, contre une rondelette somme mensuelle. Les parents acceptent, à condition que Balibar prenne également Miquet : ça fait une bouche de moins à nourrir. Les deux enfants sont gentiment accueillis par la troupe de monstres, composée de la femme à barbe, l’homme tronc, le nain bougon, les frères siamois, la femme à 8 jambes… Durant le show, Gustave dans son aquarium, fait un tabac ! Le soir, en cachette dans sa roulotte, Balibar fait des expériences chirurgicales pour guérir son fils Toussaint de son apparence de poulpe baveux. C’est alors qu’il découvre une extraordinaire aptitude chez le petit Miquet…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il faut s’appeler Philippe Foerster pour avoir l’idée (et le talent) d’imaginer une histoire aussi tordue, et pourtant aussi intelligente. Ce gentil conte horrifique trouve sans doute son meilleur écho à travers les films d’animation de Tim Burton : profondément noirs mais pétris d’humanité. Ici, la créature la plus monstrueuse se révèlera un enfant à tête d’angelot (Miquet l’ange !), qui deviendra créateur de monstruosités. On navigue donc tout au long de ce one-shot, aux côtés du film Freaks de David Lynch, débarrassé de ses aspects les plus sordides. En effet, nés de l’imagination d’un enfant, les monstres sont plus rigolos que véritablement épouvantables. Le jeune géniteur de montres sera ensuite adulé de ses créatures, et dépassera le statut d’ange pour devenir un véritable dieu vivant, avant une douloureuse prise de conscience et la destruction de son œuvre. Ce parallèle astucieux entre la création artistique et celle de la vie (toutes deux au service de l’horreur), est mis en images par Muriel Blondeau, épouse de Philippe Foerster dans le civil, et professeur de dessin en Belgique. Son trait moderne et sa colorisation sobre, très stylisés, conviennent parfaitement à cet habile conte pour adultes.