L'histoire :
Hang est mort. Cette espèce quadrupède gigantesque, titanesque, quasi divine, était l’un des 9 « instruments » qui régulent la vie de cette planète. Il la parcourait lentement, assurant la reproduction des végétaux, dans un immuable cycle de 10 ans, posant quasiment ses pas toujours aux mêmes emplacements. Lors de l’attaque terroriste sur Hang, par un groupe de combattants venus de l’Est, un phénomène calamiteux a débuté. Une sorte de sève acide, jaune, visqueuse, baptisée « mortesève » s’est mise à se propager et à détruire la vie biologique, en recouvrant les terres. Kahl, qui vouait sa vie à la protection de Hang au sein d’un ordre de gardiens, a perdu sa raison d’être. Sa sœur Avine a été mortellement blessée dans la confrontation. Mais depuis que son métabolisme a été « contaminé » par un autre type de sève, verte et régénératrice, elle a cicatrisé seule. Mais elle a perdu durablement l’usage de ses jambes. Cette autre sève qui coule dans son sang lui permet aussi de donner un coup de fouet aux plantes, par simple apposition des mains, et de voir les « fils de vie » des animaux et des humains. Lors de l’attaque sur Hang, le jeune et débonnaire Koroth s’est retrouvé embarqué avec Valera et Solame vers Limeya. Au terme d’une infernale traversée d’une mer bouillante, une nouvelle vie de cuisinier s’offre à lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout est très original et rafraichissant dans cette série de fantasy pas comme les autres. Plus qu’une série, d’ailleurs, Quentin Rigaud, qui se filme régulièrement en train de créer sa série en temps réel sur twitch (sous le pseudo slanmetha), a créé un univers merveilleux et cohérent, à la manière des maîtres de jeux de rôle. On est régulièrement pris au dépourvu par les directions inattendues que prend la trame narrative qui n’obéit en rien aux repères habituels et aux canons scénaristiques. Les mécaniques biologiques de ce monde sont inédites, tout comme l’organisation sociale, les rivalités politiques, la logique climatique… On est d’ailleurs souvent un peu perplexe devant les évènements surprenants ou le vocabulaire descriptif que nous propose l’auteur complet, sans explication préalable… avant de se forger progressivement et naturellement des repères. Et paradoxalement, les personnages ont néanmoins souvent des dialogues contemporains surprenants et des réactions psychologiques de notre monde réel. Ce subtil mélange fonctionne fort bien et se déroule au travers d’un dessin tout aussi moderne. Génialement abouti sur les décors et panoramas merveilleux, la faune, la flore, les entités divines et les ambiances colorimétriques marquées, il met cependant en scène des personnages aux faciès disgracieux, avec des postures, des proportions ou des scènes d’action parfois négligées ou confuses. On est cependant ravi qu’une telle saga semble pouvoir se continuer longtemps, tant les éléments organiques, sociaux et politiques mis en place sont riches et intrigants.