L'histoire :
En mai 1779, l'école militaire de Paris étant devenue un foyer d'insubordination, il est décidé que les élèves soient dispersés en 12 écoles réparties à travers le royaume. D'origine corse, Napolione di Buonaparte n'a donc que 10 ans, le jour où il intègre l'école de Brienne, en Champagne. Son dossier est élogieux : en marge d'un trousseau complet, le garçon montre des dispositions et une soif de savoir pour tous les enseignements. Il est volontaire, bon camarade et il a notamment appris le français en moins de 3 mois. Il lui reste cependant un fort accent du sud, qui lui valent d'être surnommé par ses camarades, en raison de son drôle de nom, « la paille au nez ». A Brienne, il n'y a guère que le latin et le chant dans lesquels il ne brille pas. Cela ne l'empêche pas d'être reçu à l'école militaire de Paris, qu'il intègre en octobre 1784, parmi 218 élèves, fleurons de la nation. Il y reçoit le plus riche des enseignements, prodigué par de célèbres professeurs. Un an plus tard, et alors qu'il est désormais soutien de famille, on l'affecte en tant que jeune lieutenant à Valence, en compagnie de son ami des Mazis. Il y perfectionne la trigonométrie, les mathématiques, le canon, apprend l'humilité de la discipline militaire et se frotte brillamment aux mondanités...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir dessiné plusieurs Voyages d'Alix (des recueils « encyclopédiques » illustrés), le vétéran Jean Torton change radicalement d'époque. Dans la grande tradition de l'histoire de France en bandes dessinées, sur une ligne graphique ultra-réaliste typique de l'école belge statico-classique made in Jacques Martin (Alix, Lefranc...), il met cette fois méticuleusement en scène le premier tome de la biographie de notre dictateur national « bien-aimé ». A la vitesse à laquelle avance la scénarisation de la chose, signée Pascal Davoz, il faudra compter sur au moins 3-4 albums pour faire le tour de la question : Napolione di Buonaparte n'est encore ni empereur, ni même consul, au sortir de cette mise en bouche. Il termine par la prise de Toulon au anglais (le passage le plus intéressant) et le grade de général. On pourra reprocher à ce type d'ouvrage sa « ringardise narrative » ou son austérité. L'exercice biographique se borne en effet ici à une mise en dessins plane et linéaire des faits, sans grands efforts pour rendre cette destiné palpitante. Le genre de la BD historique a pourtant su se renouveler depuis quelques années, y gagnant en saveur romanesque sans perdre de ses qualités didactiques. Ici, au delà du rythme aussi poussif que passif, les choix de découpages sont en décalage avec les normes de lecture communément admise depuis des décennies (il arrive 1 page sur deux de devoir suivre une flèche allant d'une case droite à une case gauche !). Bref, si on peut faire confiance aux auteurs pour l'authenticité historique des faits relatés, une remise à niveau en matière de 9e art serait profitable. Certes, cela n'empêche pas de se cultiver dans l'ordre...