L'histoire :
A la tête d'un troupeau de Chasmosaures, Jarri est sur la route du marché des nomades. Il traverse un désert ou s'entassent des épaves des guerres de rébellion, et longe d'énormes pipelines qui transportent l'eau. Lorsqu'il voit deux engins volants à la poursuite d'un camion pluie, il sait que le pire peut arriver. Abattu sur sa route, le véhicule a le temps de déclencher un déluge de foudre qui anéantit le troupeau tout entier. A son arrivée à destination, tout le monde le sollicite pour s'occuper d'un animal malade ou pour vendre l'une de ses bêtes. Fils d'un éleveur et d'une femme soldat qui avait déserté, il a en effet le pouvoir très rare de parler aux animaux. Mais Jarri n'a plus rien à offrir, il ne pense plus désormais qu'à atteindre la ville pour y trouver le responsable des expériences météo qui lui ont coûté tout ce qu'il possédait. Quelques jours plus tard, à peine franchie la porte d'accès de la station 3703, il est au cœur de la foule et entend la prise de parole du Grand Kam devant la statue d'une divinité qu'il ne connait pas. Le vieil homme appelle à une révolte que tous jugent impossible. Jarri croise un général déserteur et des dizaines d'anciens soldats qui ont refusé d'obéir aux ordres de ceux d'en haut. La ville haute, le lieu du pouvoir, accessible seulement par une tour à l'accès très contrôlé. Très vite, le jeune berger va se trouver embarqué dans le mouvement de rébellion qui renaît.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce gros album de plus de 200 pages, Vincent Perriot nous emporte dans un monde futuriste que l'on découvre petit à petit, aux côtés d'un jeune berger et de créatures aux allures préhistoriques. Un récit complet qui dépayse complètement, avec cette extraordinaire structure de la ville au dessus des gens, accessible par une immense tour qui se perd dans les nuages. Le concept n'est pas inédit dans le monde de la SF, mais Perriot le traduit avec de très belles pages dans des perspectives hommages à Moebius, des plongées impressionnantes très réussies. La coloriste Florence Breton réalise un travail de tout premier plan, ses nuances de couleur donnant toute leur portée graphique aux paysages de Perriot, comme dans ce fabuleux coucher de soleil en pages 74-75. Le récit, quant à lui, reste dans les enjeux classiques des récits d'anticipation du genre, avec son régime autoritaire aux motivations inconnues, et ses rebelles qui cherchent à retrouver une forme de liberté. Les surprises ne manqueront pas vers la fin de l'album, enchaînées de manière parfois déconcertante lorsqu'elles nous emportent en quelques pages dans une dimension totalement différente. Cet album est donc une réussite graphique davantage qu'un scénario marquant, un beau projet qui fait d'ailleurs l'objet d'une édition limitée en noir et blanc. Mais c'est surtout la démonstration que Vincent Perriot – déjà auteur complet de Paci, un polar en trois tomes – est plein d'idées, d'ambition et de talent en réserve. Et qu'il a le culot nécessaire, et la confiance de son éditeur, pour un one-shot de cette envergure.