L'histoire :
A Brescia, en Italie, une jeune fille est retrouvée égorgée. Le tueur lui a généreusement ouvert la gorge, puis il a recousu grossièrement la plaie avant de placer le corps en position sereine, dans une scierie désaffectée. Immédiatement, la police a arrêté l’homme qui a découvert le corps. En effet, Massimo Scalia est un repris de justice, violeur et très perturbé psychologiquement : le coupable parfait. Pourtant, le père de la victime ne croit pas à son implication. Pour essayer de soulager sa peine, il fait alors appel à un détective privé, Giulano Nero, pour enquêter sur l’affaire. En professionnel, Nero commence par interroger son ami légiste à la morgue. Quelques photos, quelques questions, une étude approfondie du dossier, une séance de questions au parloir, finissent de le convaincre lui aussi de l’innocence de Scalia, parfaitement schizoïde. Il parvient ensuite à écouter les derniers messages enregistrés sur la boîte vocale de la victime et remonte peu à peu la piste du tueur. C’est alors qu’un second corps est découvert, dans la même position, avec le même type de cicatrice…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouveau né au sein de la collection Ligne rouge, Nero se présente comme un bon « p’tit polar des familles », réalisé par un trio italien confirmé. Dans ce premier épisode, le récit est classico-classique : un tueur en série sévit ; le père d’une des victimes engage alors un détective privé pour le choper. Cohérente, l’enquête se laisse suivre de manière plaisante, jusqu’au dénouement un peu lapidaire : répondant à une question de routine, le coupable se trahit de manière évidente pour tout le monde… sauf pour le détective, dont la perspicacité paraît bien laborieuse. Quelles sont les motivations exactes des crimes ? Une vague pathologie macabre suffira pour conclure sur un final en queue de poisson (à suivre ?). Dommage que ce dénouement ne soit pas à la hauteur des ¾ du polar. Dommage aussi que la personnalité du héros détective soit si peu développée. Ces larges pans restent à être abordés dans les prochaines enquêtes. L’atout majeur de cette mise en bouche réside donc une fois de plus dans le graphisme d’Andréa Mutti. L’artiste, qui affectionne particulièrement les ambiances sordides, les usines désaffectées, les météos exécrables, est logiquement à l’aise dans ces investigations désenchantées. Il livre 46 superbes planches via ce qui ressemble à la technique de couleur directe… mais qui n’en est pas : au générique, Mutti est épaulé pour la couleur par Angelo Bussachini. L’opération est transparente : on croirait à du 100% Mutti, pour le grand plaisir des fans.