L'histoire :
Caché entre les montagnes et la forêt, un lac s'étend à perte de vue. Un matin, un homme à la recherche de son trésor perdu s'aventure près des berges. Il découvre, flottant à la surface, une enfant à la peau pâle, aux cheveux blancs. Elle est inconsciente mais encore vivante. Il ne peut se résoudre à l'abandonner à son sort. Alors il plonge dans le lac et en ressort l'enfant, qu'il transporte à sa maison. Il l'allonge dans la cahute de bois pour qu'elle revienne à elle, il explique à sa femme la situation. Leur jeune fils veille sur l'enfant. Le couple a perdu leur fille, mystérieusement disparue. Ce deuil est impossible à faire pour la mère, et elle a désormais peur d'accueillir cette enfant inconnue chez elle. L'homme y voit au contraire l'occasion de tourner la page. La pauvre famille finit par conclure un accord. Ils gardent l'enfant, qu'ils baptisent Anna. L'homme a retiré un collier qu'Anna avait autour du cou. La mère de famille crie à la sorcellerie et demande à ce qu'il s'en débarrasse, ce qu'il fait en le remettant au lac où il a trouvé Anna. Quelques années plus tard, Anna a grandi et s'entend très bien avec son frère. Tous les deux trouvent régulièrement des moineaux morts près de leur maison. Ils les enterrent où ils peuvent. Ils n'ont pas le droit d'aller dans la forêt qui borde la cabane. Anna fait régulièrement de violents cauchemars. Chaque nuit, un corbeau vient vers elle. Il a une attitude étrange, comme s'il voulait qu'elle le suive pour lui montrer quelque chose... Anna a tout oublié de son passé avant d'arriver dans cette famille. Et si l'oiseau pouvait lui ouvrir les yeux sur son histoire ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aldara Prado, illustratrice et tatoueuse espagnole, propose ici sa première bande dessinée, qui revisite le mythe de La Dame du lac. Cette légende est plus ou moins connue... mais beaucoup moins que d'autres figures masculines de la geste arthurienne(Arthur ou Merlin). L'autrice s'attarde ici sur un personnage féminin important et tisse son histoire fantastique autour des jalons centraux de cette mythologie. Quelques personnages comme la reine Morgane, Merlin, ou encore la célèbre épée Excalibur, font leur apparition et contribuent à recréer un contexte familier et folklorique. Mais le récit se centre essentiellement sur Nimuë, sa vie, son parcours et son évolution. Lorsqu'elle est retrouvée au milieu du lac et recueillie par une famille, elle n'a aucun souvenir de son passé. Le lecteur se situe alors au même niveau. Petit à petit, comme elle, il va pouvoir remonter le fil de son histoire et découvrir sa destinée. L'autrice a opté pour des compositions plutôt classiques des planches, même si elle se permet quelques originalités de temps à autre. Son dessin confère un côté audacieux à son découpage. Elle crée des ambiances mêlant magie, fantastique et tension. Elle joue avec les transparences, les jeux de lumières... Nous avons l'impression d'être au cœur de Brocéliande. Dès l'illustration de couverture nous sommes happés, nous avons envie de suivre Nimuë dans les profondeurs du lac. Cette réécriture réussie d'une figure emblématique de la légende arthurienne séduit de par son rythme, sa lisibilité et la beauté de ses illustrations.