L'histoire :
Les poils, nous les retrouvons absolument partout. Sur les végétaux, pour réguler leur température ou absorber l'eau. Sur les insectes, comme isolation thermique ou comme système de camouflage. Sur les mammifères, pour se protéger des éléments extérieurs et réguler leur température. Le poil est aussi partout, dans nos expressions du quotidien : être de bon poil, tomber pile poil, avoir un poil dans la main... A première vue, ce sujet pourrait paraître anecdotique. Pourtant, Lili Sohn se rend compte que ça ne l'est pas tant que ça. Elle passe énormément de temps à s'épiler et à vérifier qu'elle n'a pas un poil qui dépasse. Cela l'a même empêché d'aller se baigner car elle n'était pas épilée, de faire du sexe alors qu'elle en avait envie, et même de planifier ses épilations pour être raccord avec ses vacances. Le poil féminin n'est pas trop accepté. Mais le poil masculin, si. Pour quelles raisons ? La question mérite d'être posée. L'autrice s'interroge sur les normes liées à la pilosité et surtout, elle fait une expérience. Elle s'épile depuis ses douze ans, sans discontinuer. Mais les récents mouvements d'émancipation féministes, comme le #Januhairy ou #Maipoils, l'encouragent à franchir un cap. Que se passerait-il si elle décidait de se libérer de cette contrainte, tout en questionnant cette dictature du poil féminin ? Elle en fait l'expérience pendant un an et raconte ses impressions et son évolution dans ce journal de bord dessiné.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'autrice Lili Sohn est connue pour ses BD engagés et/ou drôles, aux couleurs fluorescentes : Mamas ou encore Vagin tonic. Avec Nos poils, elle conserve cette marque de fabrique, avec un format similaire, petit et épais. Elle s'interroge ici sur la pilosité féminine. On ne peut pas louper ce roman graphique sur les tables des librairies : le fond vert fluorescent accroche immédiatement le regard, et une femme (l'autrice) est dessinée sur la couverture, en assumant sa pilosité sauvage. Lili Sohn mène en effet pendant un an une expérience avec son corps et sa pilosité. Elle s'est toujours épilée, dès son plus jeune âge, sans se poser de questions. Elle s'est aussi fixé beaucoup d'interdits, elle s'est privée, à cause de simples poils ! Avec le recul, elle se demande pourquoi elle s'est infligé ça. Et surtout, si elle est prête à aller à contre-courant (à rebrousse-poils !) des diktats qui sont imposés aux femmes, si elle est prête à affronter le regard des autres sur son corps, si elle est capable de s'assumer avec des poils. Elle tient son journal de bord, mois par mois, dans cette bande dessinée. Elle raconte aux lecteurs ses avancées, les choses qui l'ont faite progresser, mais aussi les caps qu'elle n'a pas pu franchir, ses questionnements. Son histoire individuelle résonne collectivement et lance des pistes de réflexion. Le dessin est très coloré et simplifié, il appuie les propos, apporte une touche d'humour et de légèreté.
