L'histoire :
Plus ancien bâtiment de Victorville, le Toutankhamon, un prestigieux hôtel des années 30 conçu par Victor Wicq, est aussi une légende : on dit qu’en 1944, les soldats SS qui avaient réquisitionné l’édifice en furent chassés par une armée de lutins… Aujourd’hui, il n’est, cependant plus que l’ombre de lui-même et, décati, il a pour noble tâche d’abriter les plus démunis. Pourtant, Karl Ziegler, le maire actuel, a pour lui un projet fumeux : il compte bien, sous prétexte d’insalubrité, le raser totalement pour mettre à la place l’un de ses snacks puants... Ligier Millet, un artiste peintre locataire des lieux, mène la fronde, décidé à ne pas laisser le politicien mener a bien cette « exécution ». Il peut compter sur les nombreux locataires pour l’aider et pourquoi pas sur deux nouveaux arrivants : le petit Zack et son papa, qui vient juste de retrouver, non loin de là, un emploi. Zack ne tarde pas à se faire une bande de nouveaux copains, composée d’Edeta, Natalia et Maniek. Ce dernier lui confie rapidement un troublant secret. Il a en effet filmé par hasard la conversation du maire avec un tueur à gages. Et il n’y a pas l’ombre d’un doute : la vie de Ligier Millet est en danger. Persuadés que les adultes ne les croiront jamais, ils décident de réunir de nouvelles preuves. Équipé d’un enregistreur, Brudas, le rat domestique, pourrait aller espionner le maire pour le confondre définitivement. Mais l’animal a disparu. En tentant de le retrouver dans l’immense hôtel, les enfants font une singulière découverte...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour leur première incursion en bande dessinée, David Boriau et Goum proposent un album particulièrement pêchu, servi par un graphisme au diapason de cette intention. Le récit nous embarque dans une ville imaginaire où une bande de loupiots s’évertuera à déjouer les plans machiavéliques d’un maire avide de pouvoir et prêt à tout pour faire gonfler son porte-monnaie. Légende avec lutins, hôtel labyrinthique à système ingénieux (les fameux passages secrets…), faux semblants, petits héros attachants porteront l’ensemble pour une aventure finalement extrêmement visuelle, sur plus de 140 pages. Car au fond, on fait peut-être assez rapidement le tour du récit, qui sert plus à mettre en mouvements un univers largement connoté « film d’animation »: dynamique, explosant au rythme de rebondissements claquants comme de bonnes vielles onomatopées et empreint d’une veine humoristico-caricaturale bon enfant. Et c’est sans doute de ce coté qu’il faudra aller chercher pour se contenter pleinement. Car l’ouvrage semble en effet plutôt convenir à un public préado / ado (une première chez KSTR, non ?), parfaitement à l’aise dans cet univers codifié, friand de rythme, amateur de ce dessin lissé et peu embarrassé que l’intrigue soit une affaire de second plan. Les autres attendront, quant à eux, avec impatience, le dénouement. Comme déjà évoqué, le choix graphique est très cartoonesque (on pense aussi au dessin de Zombilenium), surmonté d’une colorisation originale (parfois un peu sombre) pour un ensemble dédié à l’action. Pourquoi pas, alors, un passage sur petit ou grand écran ?