L'histoire :
Phoolan Devi vit en Inde dans l’Uttar Pradesh et fait partie des Mallahs au sein de la caste des Shudras, les paysans et serviteurs, la plus basse de toutes. Mariée à 11 ans à un homme de 33 ans de qui elle devient l’esclave, elle est maltraitée et violée jusqu’à ce que ses parents la récupèrent. Malheureusement, l’annulation de son mariage fait d’elle une paria rejetée par la communauté et accusée de tous les maux. Elle est accusée à tort d’avoir volé et est battue et violée par la police. Son oncle Mayadin, qui a déjà spolié sa famille, la fait enlever par des Dacoïts, des bandits, alors qu’elle n’est qu’une adolescente. Profitant d’une querelle de caste au sein des Dacoïts, elle est finalement assimilée au sein de la bande où mariée avec le chef, Vikram, elle apprend le métier et se venge des humiliations passées. Malgré les violences, les coups bas des hommes, la mort de Vikram, elle parvient à échapper plusieurs fois à la mort et crée sa propre bande. A la tête d’un groupe d’hommes, elle rend justice telle une Robin des bois et redistribue ses butins aux villageois. Sa tête étant mise à prix dans plusieurs Etats, Phoolan rend les armes devant une photo de Ghandi et de la déesse Durgâ après avoir négocié une peine de prison de 8 ans. 11 ans plus tard, elle sera enfin libérée et deviendra députée pour défendre les femmes et les basses castes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’auteure de ce one-shot, Claire Fauvel, découvre l’existence de Phoolan Devi grâce à son père qui a établi une liste chronologique des hors-la-loi. Après avoir lu son autobiographie, elle décide de la retranscrire en BD sans chercher une vérité historique, mais en mettant en avant son destin unique. La volonté de Phoolan et la rage qui l’habitent pour survivre font de cette biographie une véritable épopée qui pourrait paraître romanesque si l’on oubliait qu’elle est réelle ! Ses combats pour les femmes et les basses castes nous rappellent la cruauté d’être une femme et d’exister dans un pays soumis au patriarcat. D’autant plus qu’après avoir survécu à toutes ces violences, Phoolan est assassinée en 2001. Après La guerre de Catherine, qui a reçu le prix Artémisia, Claire Fauvel nous livre la biographie d’une femme libre en étant seule au scénario et au dessin. Le graphisme est beau, coloré et subtil quand il s’agit de figurer l’immontrable. Une jeune auteure talentueuse à la hauteur de son héroïne.