L'histoire :
Léo travaille dans un centre d’appels dans une grande ville. Un boulot peu palpitant et harassant, actuellement perturbé par… un mégafeu qui ravage la région et inquiète les autorités. Les collines environnantes se surplombent d’impressionnants nuages noirs qui couvrent le ciel et on peut même apercevoir l’effervescence rouge de l’incendie géant. Quand Léo quitte son boulot, une pluie de cendres fines tombe sur la ville. Aux infos, on recommande l’évacuation. Comble du stress, quand il appelle sa copine, Léo se fait engueuler pour son manque de passion. Alors qu’il se grille une clope, il est surpris par une invasion de fourmis qui ont pénétré par une petite fissure de la fenêtre dans son appartement. Il y en a partout dans la cuisine. Il descend vite acheter une bombe insecticide. Dans la rue, il découvre des chevreuils en panique. La faune est assurément déboussolée par le giga feu. En rentrant, Léo pulvérise son insecticide et crache ses poumons. Il finit par ouvrir la fenêtre pour pouvoir respirer… les odeurs de fumée. En parallèle, Juliette sort de chez son médecin avec une nouvelle horrible. Elle va perdre l’usage de sa main droite. Elle touchera une pension de handicape. Elle rentre chez elle désespérée et entame le deuil de sa main, qui bouge encore bien, à l’heure actuelle. Par la fenêtre de son appartement, elle voit l’incendie qui ravage la colline…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La valencienne Cécile Guillard a déjà prouvé son penchant pour la cause écologique en travaillant sur Cent mille ans, Bure ou le scandale enfoui des déchets nucléaires. Cette fois, elle propose une sorte de métaphore de notre humanité crépusculaire, à travers le prisme d’un mégafeu. S’il était sorti un petit mois plus tôt, ce sujet aurait trouvé un écho incroyable à travers l’actualité de l’incendie géant qui a ravagé la région de Los Angeles au début février 2025. Le destin de deux jeunes gens, qui se trouvent chacun de leur côté à un point de rupture, se rejoint. D’un côté, au bord du burn out professionnel et sentimental, Léo s’exile de la civilisation, quitte à s’approcher des flammes mortelles. Il déniche alors une cabane isolée au bord d’un lac de montagne, dans un environnement 100% minéral – donc à l’abri de tout brasier. C’est là, dans ce Refuge providentiel qu’il emmènera Juliette, qu’il ne connait initialement pas, mais qui est elle aussi bordeline. En plein divorce compliqué, elle est sur le point de perdre l’usage de sa main. En jouant avec ses aquarelles grises-rouges réalistes stylisées et très souples, l’autrice complète se laisse régulièrement aller à des envolées lyrico-graphiques en jouant avec les flammes, les volutes, le dynamisme des corps qui dansent ou qui courent. Parfois, on ne sait plus trop si les personnages rêvent ou vivent vraiment leur fugue civilisationnelle. Parfois aussi, on est un peu perdu sur la trame des évènements. Ou sur l’identité des personnages… Le propos est régulièrement confus et quand on le rattrape, il emprunte des voies simplistes et des dialogues peu inspirés. En somme, la portée philosophique du sujet est très ambitieuse au regard de son traitement.