L'histoire :
Dans un avenir proche, la planète Terre est asservie par l’agriculture productiviste imposée par la société monopolistique Diosynta, qui manipule elle-même un gouvernement mondial tyrannique. La qualité des sols est pitoyable et l’air est empuanti par des pesticides et des engrais mortels. Dans ce contexte, Adam, Agnès et Ellen, trois jeunes révoltés, sont parvenus à atteindre et monter dans le train qui les mène vers la « Résilience », une organisation rebelle et clandestine qui cultive une agriculture saine et partage ses semences bios. Mais pour pouvoir être intégrés, ils doivent montrer patte blanche : ils sont interrogés durant tout le temps de leur long voyage (plusieurs jours), et séparément, pour confronter leurs versions. A l’arrivée, ils croient revivre : ils découvrent un vaste verger arborée, et des animaux sauvages en liberté. La résilience a en effet transformé un parc naturel de l’Unesco en « forêt comestible ». Même le village des résilients est particulièrement orienté vers la nature, avec ses toitures en gazon, son ruisseau, ses vaches qui paissent tranquillement dans les jardins… Un véritable paradis terrestre. Leurs premiers jours sont occupés aux tâches quotidiennes assurées par la communauté. Décorticage manuel du blé pour faire de la farine, épluchage des légumes… Mais rapidement, la rumeur que l’un d’eux serait un infiltré de Diosynta est annoncée en assemblée générale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Résilience, série d’anticipation angoissante et quasiment post-apocalyptique, part d’une fort louable intention : dénoncer les méfaits de l’agriculture productiviste, à laquelle il serait franchement salutaire (et urgent !) de lui préférer des modes de cultures bios, sans pesticides. Cela est un sujet réel, grave et actuel. Malheureusement, le tome 1 souffrait d’une approche par trop manichéenne et naïve, qui perdure évidemment dans ce second épisode. Mais bon, ne critiquons pas un message d’alerte bienfaisant et laissons-nous porter par l’intrigue, qui permet tout de même d’aborder des concepts concrets et surtout, une excellente immersion. Ce tome 2 se déroule majoritairement au sein de la Résilience, un jardin d’Eden généreux en verdure et en jolis fruits juteux, soit un décorum autrement moins gris et pollué que le tome 1. Mais les tensions demeurent vives, car il est question d’espion, d’attaque imminente des méchants soldats à armures blanches SIS, de défense organisée des gentils rebelles (on se croirait par moment dans Star Wars…). Sans oublier quelques tensions sentimentales dans le triangle amoureux formé par les trois personnages principaux. Si l’immersion est aussi prégnante, c’est aussi parce que le dessin semi-réaliste d’Augustin Lebon est soigné et régulier, et surtout son découpage de l’action efficace et équilibré. L’épisode se termine sur une fin ouverte, et pour cause : rendez-vous est donné pour un second cycle et un tome 3 d’ores et déjà baptisé La mer de plastique. Et oui, les causes sont hélas innombrables, en matière d’écologie…