L'histoire :
En septembre 2068, l’Europe n’est plus qu’un immense paysage agricole hyper-productiviste, morne et saturé en pesticides. Un gouvernement unique et fasciste régit les populations qui ont survécu à la pollution de l’air et de l’eau. Il est à la solde de Diosynta, la multinationale qui organise les plans et les récoltes, et s’appuie pour faire respecter son ordre sur une milice super-armée, les FSI (Force de Sécurité Intérieure). Les petites gens souffrent de maladies, car ils sont dépendants des distributions de nourriture irrégulières par les aides humanitaires. Un réseau clandestin appelé la « Résilience » s’est donc organisés en résistance. Des échanges de semences non-officielles permettent ainsi à quelques paysans amateurs de produire leur propre nourriture. Adam et Agnès sont un jeune couple issu de cette éducation à la marge. Leur fermette isolée au milieu d’un îlot d’inondation regorge de plantations de toutes sortes. Hélas, c’est un jour noir pour Adam : il trouve ses parents agonisants, après un accident de pesticide. Dans un dernier souffle, sa mère les envoie en ville, au contact du réseau Résilience, afin qu’ils profitent du nouveau monde secret en train de se bâtir. Adam enterre ses parents et part donc, en compagnie d’Agnès...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En couverture et au feuilletage, Résilience fait un gros clin d’œil aux amateurs d’univers post-apocalyptiques. Chouette, un monde futur délabré, mortifié et ultra-pollué en raison de la tragique irresponsabilité humaine ! Cet album fait effectivement acte citoyen en annonçant notre présente incapacité à nous organiser pour éviter le désastre écologique. Or dans cet objectif, le scénario d’Augustin Lebon et Louise Joor reste bien léger, sans jamais parvenir à dépasser les clichés mal dégrossis. Au détriment d’un message de fond clair et pertinent pour la prise de conscience, l’aventure vire ainsi à la guerre civile entre trois conceptions manichéennes : les gentils paysans tradis façon Pierre Rabhi ; les révoltés terroristes et ultra violents ; la multinationale pollueuse à l’échelle d’un état fasciste et répressif. Et dans ce parti-pris de développement, la psychologie des personnages et des forces en présence est un peu caricaturale. Autre bémol : la quatrième de couv’ annonce que le récit « est au monde des OGM ce que Mad Max est à celui du pétrole »… Or il n’est que peu question d’OGM dans le récit, mais plutôt de pesticides pires que la peste bubonique. Quand on sait qu’en théorie les OGM permettent souvent de s’affranchir des pesticides, on se perd un peu dans le propos. Le parallèle est cependant énhaurme entre la multinationale Diosynta du récit et le Monsanto de notre réalité, mais les mécanismes qui en sont extrudés sont cousus de fils blancs. C’est super dommage, car le dessin semi-réaliste de Lebon est plutôt au point. On apprécie notamment les plans larges sur le résultat abominable d’une agriculture super-productiviste, mais ils sont trop peu nombreux. L’enfermement urbain est en revanche savamment oppressant. Espérons que le tome 2 mette un sérieux accent sur la finesse du scénario, car l’idée de départ est louable…