L'histoire :
Adolescent issu d’une famille provinciale de Charleville-Mézière, gouvernée par une mère seule et rigide, Rimbaud ne pense qu’à fuir et assouvir son ambition littéraire à Paris. La première tentative est interrompue par un contrôleur, qui l’envoie en prison, jusqu’à ce que Georges Izambard, son professeur de rhétorique l’en libère en payant la caution. Retour à Charleville. La deuxième tentative, en pleine guerre franco-prusse, se solde par un nouvel échec : Rimbaud cherche à se faire éditer et loger mais ne trouve que portes closes. Retour à Charleville. Jusqu’au jour où – renversement de situation – le jeune homme reçoit chez lui une lettre d’un dénommé Paul Verlaine, qui lui offre le train et l’invite chez lui, à Paris, pour le présenter à ses amis écrivains. C’est dans ce cercle littéraire qu’il déclamera pour la première fois son fameux Bateau Ivre et recevra les acclamations de ses pairs. Mais ses mauvaises manières, son arrogance et sa liaison sulfureuse avec Verlaine vont les forcer tous deux à quitter Paris. C’est désormais à Bruxelles que se jouera la suite du drame rimbaldien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la vie d’Egon Schiele (Egon Schiele, vivre et mourir, paru en 2012 chez Casterman), peintre du début du XXème siècle, c’est donc celle de Rimbaud qui passe sous les pinceaux du jeune dessinateur français Xavier Coste. Première bande dessinée dans la longue liste des biographies textuelles, photographiques, audio-visuelles consacrées au poète maudit, Rimbaud l’indésirable prend le risque de s’inscrire dans cet héritage. On y (re)découvre le caractère impétueux, ambitieux, destructeur du personnage, qui parvient à se faire haïr par tous ceux qui l’entourent : sa famille, les poètes parisiens, Verlaine. Xavier Coste souligne ainsi son désir assoiffé et tumultueux de découvrir le monde, et l’on suit ses départs multiples, ses retours réguliers au bercail, ses tentatives d’ailleurs, de plus en plus lointains, de plus en plus nuisibles. Et pourtant, paradoxalement, l’œuvre apparaît quelque peu figée et manquant cruellement d’incarnation. L’auteur semble avoir voulu davantage apporter des données biographiques, que mettre réellement en chair son personnage. Les épisodes de la vie de Rimbaud s’enchainent ainsi les uns les autres comme des évènements factuels et non comme les éléments constitutifs d’une personnalité profonde et complexe. L’auteur fait ainsi le choix, comme dans Egon Schiele, de charger ses planches de cases, les assimilant à une somme d’actions, dont le lien se perd parfois. Le rythme de la narration en est saccadé et les ellipses s’accumulent, comme pour aller toujours trop vite, sans prendre le temps de la profondeur. Exemple significatif : la scène du baiser avec Verlaine semble sortir du chapeau. On ne sait vraiment, ni pour l’un, ni pour l’autre des amants, ce qui les a amenés à cette attirance interdite. Cela a juste lieu, c’est un fait. Les dialogues s’inscrivent aussi bien trop souvent dans leur fonction informative et ne permettent pas d’accéder aux émotions des personnages. Les dessins enfin, s’ils offrent parfois de belles cases, sont empreints d’un certain immobilisme, qui œuvre également à faire du poète maudit un Rimbaud inanimé.
