L'histoire :
A Paris, dans le quartier chaud de Barbès, David Nolane est un très bon flic. Un soir, il intervient sur un trafic de drogue et tente d’arrêter le dealer. L’intervention tourne mal et son partenaire, Carl Weissener, est abattu. Nolane tombe dans la dépression. Heureusement, sa fille Zoé revient à la maison. Cependant, elle est aussi dépendante de la drogue et doit vendre des doses pour un parrain, afin d’obtenir le droit de jouer dans une salle de concert. Dans le même temps, Nolane donne la chasse au meurtrier de son équipier, car la police piétine. Il ne s’attend pas à découvrir une affaire sordide et tortueuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection Rivages Noir chez Casterman accueille allègrement les one-shots policiers et cet album ne fait pas entorse à la règle, bien au contraire. Signalons d’entrée qu’il a déjà été publié en 2005 au format BD (collection Un monde), et qu’il a été entièrement retravaillé aujourd’hui pour son passage dans la collection Rivages (augmentée de 30 planches inédites). Marc Villard est un écrivain de polar tandis que le dessinateur Chauzy s’est spécialisé dans les bandes dessinées policières noires et sordides (sous la plume de Thierry Jonquet, notamment). Le mélange promettait de faire des étincelles, puisque Villard adapte ici un de ses propres romans en BD. Effectivement, le départ est prometteur : bien plantée dans un Paris de la nuit et des bas quartiers, l’histoire est nerveuse et rythmée. Les pièces du puzzle s’assemblent petit à petit pour révéler un tableau glauque à souhait. Enfoncé dans un tourbillon de violence, le lecteur s’attend à un final tragique de haute volée. Malheureusement, la fin déçoit, avec une chute grandguignolesque peu réaliste, en-deçà du reste du récit. Villard excelle toutefois à présenter les dessous interlopes de Paris, son petit monde de truands et de dealers. Bien servi par un dessin semi-réaliste parfois à la limite du caricatural, on assiste à une peinture de petites gens embourbées dans leurs problèmes personnels ou shootées à la drogue dure. A travers le dessin de Chauzy, et à l’instar de l’œuvre de Tardi, on reconnaît aisément les quartiers de Paris. Les visages anguleux et la colorisation aquarelle appuyée peuvent rebuter certains lecteurs, mais le style est cohérent et se met au service du drame qui se prépare (n’oublions pas le titre de l’album !).