L'histoire :
Berlin, 20 avril 1945. C’est l’anniversaire du Führer, et néanmoins l’ambiance n’est pas à la fête. La ville croule sous les bombardements alliés, elle n’est plus que ruine. Le peu d’habitants qui restent, les femmes, les enfants et les personnes âgées, vivent terrés dans les caves. Ingrid tient un petit journal dans lequel elle note la vie au quotidien de ces derniers jours. Elle se trouve avec un petit groupe d’habitants de son quartier, cachés dans un bunker vétuste. Le peu de victuailles qu’ils ont, ils le doivent au jeune Lothar. Il fait partie de ceux qui défendent encore le Reich, coûte que coûte. Ingrid observe et raconte dans son petit calepin le naufrage de cet empire qui devait durer mille ans. Le bébé d'une mère crie dans la cave. Il l’exaspère, il est entrain de mourir de faim. Ingrid secoue la mère et lui ordonne de se rendre avec elle voir un ami médecin de la Croix-Rouge allemande. Mais il faut sortir dehors, affronter le chaos. Elles parviennent à trouver le docteur Müssting. Lui non plus n’a plus de nourriture pour le bébé, il faut prier maintenant pour que les russes arrivent rapidement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette fiction de Nicolas Juncker est librement inspirée de deux témoignages de femmes, l’une allemande et l’autre soviétique, ayant vécu les derniers jours du Reich à Berlin. Juncker raconte d’abord par l’intermédiaire de la jeune allemande, Ingrid, la vie quotidienne des habitants, isolés, livrés à eux-mêmes et reclus dans des abris ou des caves. Ils sont devenus des rats malgré-eux. Puis, l’arrivée des russes est racontée par une jeune interprète, Evgeniya, qui va se trouver par hasard hébergée en compagnie d'Ingrid. Toutes deux vont alors comprendre la vie de l’autre avec tous ses drames, ses atrocités et ses complexités au travers de l'écriture de leur quotidien de vie noté dans leur carnet. Evgeniya va devoir mener une drôle d'enquête afin de trouver les restes du Führer et les faire authentifier. Nicolas Juncker utilise le noir et blanc, complété d'un lavis gris, pour raconter son récit cadencé en chapitres. Ses personnages sont tirés au couteau, les traits sont durs, souvent émaciés, afin de marquer davantage la difficulté et les épreuves de cette période de l’Histoire. Il complète son récit par les pages écrites du journal de chacune des jeunes femmes. Ces témoignages montrent encore une fois que lorsque l’on est une femme, les souffrances, les agressions et les violences n’ont pas de camp.