L'histoire :
A la fin du XIXe siècle à Haïti, José décide de quitter le foyer familial pour découvrir le monde. Pour cette raison, son père le maudit à jamais. Le fils renié débarque quelques jours plus tard à Panama, au moment où Ferdinand de Lesseps commence les travaux pharaoniques du canal censé relier l’atlantique au pacifique. José trouve rapidement refuge dans une famille dont le père vient de se faire tuer par les policiers. Pendant 16 ans, il mène une vie de dur labeur, quand il se fait poignarder par un voleur, en pleine rue. Sa femme Rose décide alors de partir avec ses enfants pour fonder un village, José Pobre, sur une île déserte. Les années passent et Manuel, petit-fils de José, est déjà un grand garçon lorsque son père meurt pendant une tempête. La malédiction de l’ancêtre semble se reporter sur plusieurs générations ! C’est alors que Manuel croise la route de Shelena, une fille étrange, au langage bien mystérieux. Aussitôt, les deux adolescents deviennent les meilleurs amis du monde. Mais le destin va s’acharner, et il faudra encore un mort pour que la descendance du fils maudit puisse vivre en paix.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jéromine Pasteur, exploratrice et scénariste, se sert du support BD pour nous faire partager sa passion des contrées lointaine et nous livrer une fiction de qualité : Shelena. Pour ce faire, elle s’est inspirée de ses rencontres pour bâtir son récit, et donne ainsi vie à Rose, la malheureuse femme de José, et Shelena, une petite fille bien originale. Une grande poésie se dégage de cette belle histoire un peu triste. Elle réussit à rendre ses personnages attachants en très peu de temps, malgré le sort fatal qu’elle leur réserve bien souvent. Mais tout cela ne serait rien sans le talent de René follet, qui livre ici des planches saisissantes, et dont le seul défaut reste ses trop rares apparitions dans le monde de la BD. Réalisées au pinceau, en couleurs directes, ses planches sont autant de peintures et rendent avec exactitude la dureté de la vie de pauvres hères. On ressent également presque physiquement le climat effroyable de ces contrées lointaines, mais aussi la magie du soleil après le mauvais temps. Une heureuse surprise.