L'histoire :
Paris, 2027. On croyait ne jamais voir Nike, Amir et Leyla réunis une deuxième fois. Amir se perd en éternel gardien de but remplaçant de la « Iron Fly » ; Leyla serait partie pour Mars… (?) ; même Nike commence à douter du succès de son obsessionnel projet de rassembler les trois orphelins. Pourtant, il semblerait que le destin se soit enfin décidé à leur donner une occasion de se retrouver. Le destin, ou plutôt Optus Warhole, qui tire décidément les ficelles de l'histoire : c'est bien une fausse Leyla qu'il a envoyé sur Mars, pour retrouver le faux Nike. Faire venir Amir n'est pas très difficile, pourvu que la vie de Sacha en dépende. Quant à Nike, il éprouve maintenant une réelle dépendance vis à vis de l'être warholien qui l'a habité. Les trois héros sous la main, il est temps pour Warhole de se rassembler lui-même en rappelant ses différents « moi » : un peu de l'artiste déjanté Holeraw, un peu de mouche, un peu de poisson-placoderme et voici le Warhole tel que l'on ne l'avait encore jamais vu. C'est donc à quatre que se font les retrouvailles, autour d'une table suspendue d'un palace hôtel parisien, le Crillon Saint-Eustache…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au niveau du scénario, on était un peu resté sur notre faim après Rendez-vous à Paris. Cet avant-dernier album ne faisait effectivement pas avancer les choses, ou alors d'une manière un peu vaporeuse. On se rend compte à la lecture de Quatre ? que le tome précédent servait à préparer la sortie de ce dernier. Enki Bilal ne tombe pas ici dans les mêmes travers. On est presque surpris de voir les choses se boucler aussi vite ! Même la parution de l'album, un an seulement après le précédent, a surpris les fans. Le changement d’éditeur a peut-être été un point déterminant en la matière ? Il était pourtant difficile de retomber parfaitement sur ses pattes après toutes les envolées plus ou moins maîtrisées des épisodes successifs (une relecture des tomes précédents, même partielle, est fortement conseillée). Mais Bilal s'en tire très honnêtement, sans être absolument génial au niveau du scénario, pour finir une série qui vaut vraiment le coup. Au sortir de l’album, restent en tête des clins d'œil savoureux et un fond d'humanisme poignant, plein d'espoir, derrière toute cette mélancolie. À noter que l'auteur règle quelques comptes avec les extrémismes religieux de tous poils, via des dialogues et des coins de cases assassins, autant de mises en garde pour le lecteur. Le graphisme, toujours aussi volontairement statique, est réellement impressionnant. La froideur des couleurs est tout simplement belle, en tout cas pour le daltonien que je suis !
