L'histoire :
New-York, Été 1831. Gustave de Beaumont et Alexis de Tocqueville prennent la diligence pour découvrir l’Ouest américain. La frontière, les forêts, les lacs, les Indiens… un monde nouveau s’offre à eux. Ils traversent des vallées et des fleuves portant encore les noms de leurs tribus. Mais c'est la déception : partout où ils passent, la hutte du sauvage a désormais fait place à la maison de l’homme civilisé. Selon les locaux, les Iroquois sont partis par-delà les grands Lacs. Tocqueville et Beaumont marchent sur leurs traces, avec une détermination croissante à mesure qu’ils sentent atteindre leur but. Arrivés à Buffalo, ils prennent une chambre au Collin’s Hotel. Tout d’un coup, c’est la stupeur, ils croisent leurs premiers Indiens. Ils ressemblent à la populace de nos grandes villes, des clochards en haillons qui passent leur temps à boire. Ils bradent leurs terres et reçoivent leur paiement de la part de l’État. Tocqueville se demande où sont les Indiens fiers et sauvages. Un peu plus tard, Gustave et Alexis croisent un Indien ivre mort. Ils partent en ville demander de l'aide mais, la seule réponse qu'ils obtiennent, c'est l'indifférence des nouveaux habitants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alexis de Tocqueville (1805-1859) est l’un des fondateurs de la sociologie moderne. Ce philosophe est connu pour ses analyses de la Révolution Française et des démocraties occidentales. Mais saviez-vous qu’à 25 ans, il était parti un an aux États-Unis, en compagnie de son ami Geoffroy de Beaumont ? Cette expérience le marquera à jamais et il en tirera un livre fort intéressant : Quinze jours dans le désert. Ironie du sort, Kévin Bazot sort à 25 ans, après 22 mois de gestation, sa libre adaptation de cet ouvrage. N’y allons pas par quatre chemins, c’est brillant du début à la fin. Ce qui force le respect, c’est la maturité du trait de Bazot, dont c’est le premier album, après avoir réalisé de nombreuses illustrations historiques. Des personnages jalonnant le récit aux paysages denses et majestueux, tout est parfaitement dépeint. Ce qui frappe également, c’est la portée du récit. Bazot nous pousse ici à réfléchir sur notre civilisation occidentale et sur le choc qu’elle provoque quand elle s’impose tout de go. N’oublions pas que les Occidentaux ont migré en masse vers le Nouveau Monde en éjectant ceux qui étaient installés depuis des siècles : les Amérindiens. Quand on voit ici, comment les nouveaux résidents traitent ceux qui leur ont vendu leurs terres pour une bouchée de pain… No comment ! Le scénario de Bazot respecte l'esprit de Tocqueville tout en le modernisant. Bazot est fan de Mathieu Bonhomme, Bruno Lefloc'h, Loisel ou encore Ralph Meyer. Il marche sur leurs pas. S’il continue comme ça, nul doute qu’il sera, un jour, l’un des leurs.