L'histoire :
En 1931, l’Ukraine connait une grave famine. Sacha Bujak émigre donc aux USA et doit logiquement passer par le « sas » d’Ellis Island, où les autorités filtrent les nouveaux arrivants. Il a 50 dollars en poche, une adresse où loger et il n’est pas anarchiste : il est accepté sur le territoire américain. L’homme de bonne volonté découvre une ville grouillant d’activité, où chaque building en construction ambitionne de dépasser son voisin en hauteur. Il toque à la porte de son cousin éloigné Pavlo. Ce dernier l’accueille pour une nuit, mais sa femme lui fait comprendre qu’ils sont déjà 6 dans un petit appartement et que Sacha va devoir se trouver un autre logement. Ce sera une chambre de bonne, au 4ème étage d’une luxueuse demeure ayant appartenu à une vieille femme excentrique et récemment décédée. 10 dollars par mois et Sacha devra promener les chiens. Car à chacun des étages inférieurs, vit seul un chien différent, dans un luxe indécent : le petit et gai Coolidge, l’élégant et dépressif Harding et le molosse impressionnant Roosevelt. C’est en promenant Roosevelt, un soir, alors que la nuit est déjà tombée, que Sacha intervient pour éviter une altercation meurtrière entre deux hommes de la mafia irlandaise et un autre d’origine italienne. Blessé, ce dernier lui demande de le conduire d’urgence chez un médecin. Trois semaines plus tard, Sacha bénéficiera de sa reconnaissance en étant embauché sur le chantier du Rockfeller Center… et même plus si affinité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Régis Hautière et David François apprécient visiblement les fresques historiques. Après un focus en forme de polar sur le familistère de Guise (De brique et de sang), les amiénois s’attaquent à une époque faste, celle de la construction des gratte-ciels newyorkais, de la prohibition et du règne des mafias. Curieusement, le personnage de Sacha qui nous emmène à travers ce décorum au périmètre connu et archétypé est assez passif. D’origine ukrainienne, il n’est pas précisément encore un héros, mais se montre plein de bonne volonté. Son parcours initiatique l’emmène dans ce premier volet à découvrir une urbanisation folle, à promener des chiens, à jouer les funambules sur les poutrelles métalliques haut-perchées lors de la construction du Rockfeller Center, puis à intégrer doucettement une famille mafieuse italienne. Bien malin qui pourra deviner où le second et dernier volet du diptyque annoncé l’emmènera ! En attendant, à travers les savants coups de pinceaux de David François, nous baignons dans une ambiance idoine de révolution urbaine, avec tantôt un large panorama plongeant, tantôt une bâtisse à l’architecture art déco rococo, le tout accompagné de dialogues et textes narratifs soignés pour nous faire apprécier l’époque et le registre.