L'histoire :
L'israélien Ari Folman s'entretient avec un ami, sans savoir que cette conversation va réveiller chez lui de douloureux souvenirs. Ce dernier lui parle d'un terrible cauchemar où il se voit agressé par des chiens féroces. Cela le ramène 20 ans en arrière, à l'époque de la guerre au Liban. Il était alors chargé de tuer les chiens, avant d’investir les villages ennemis. Il évoque devant Ari le massacre de Sabra et Chatila, mais Ari qui a assisté à cette tuerie ne se souvient de rien. Cette rencontre va provoquer chez lui une réminiscence des événements de l'époque. Il décide alors de comprendre pourquoi il a tout occulté et part à la chasse aux souvenirs, auprès de ses compagnons d’autrefois. Carmi se souvient seulement de son départ à la guerre dans un yacht de plaisance. Dayag lui raconte qu'il a fui l'ennemi en nageant des kilomètres dans la mer. Frenkel se mettait du patchouli partout pour être facilement repéré. Une spécialiste des traumatismes de guerre lui parle d'un soldat qui voyait la réalité à travers un appareil photo imaginaire. Mais, quand il a vu des chevaux massacrés, il a sombré dans la folie. Ari commence à se rappeler son départ au Liban et la mort de Bachir. Il est arrivé à Beyrouth où les combats faisaient rage. Mais que s’est-il passé devant les camps de Sabra et Chatila ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour bien comprendre Valse avec Bachir, il est nécessaire de replacer les événements dans leur contexte historique et politique. Après la mort de Bachir, président du Liban, ses partisans, les phalangistes, ont voulu le venger en « nettoyant » les camps de Sabra et de Chatila des combattants palestiniens. Les israéliens étaient chargés d’apporter un soutien logistique à cette opération. Il ont vu les phalangistes tuer des civils pendant deux jours (3500 morts, selon certaines sources) et ne sont pas intervenus. Alerté, le Ministre de la Défense, Ariel Sharon, a laissé courir. Comme tant d’autres jeunes soldats, Ari Folman s’est senti coupable et il s’est protégé inconsciemment, en oubliant les faits relatifs au massacre. Or, individuellement, chaque militaire a eu sa part de responsabilité. Folman a voulu retrouver la mémoire et la réalité a été tellement difficile à accepter qu’il en a fait un film d’animation. Cette œuvre est devenue pour lui une forme de thérapie. Le film est tellement poignant qu’il a reçu de nombreux prix (dont un César !). Avec le dessinateur David Polonsky (directeur artistique du film), Folman a réalisé, non sans mal, une version BD de ce cauchemar. En effet, il ne suffisait pas de reprendre les images du film. Il fallait un scénario clair (conçu comme un lent cheminement vers la vérité), des images (semi-réalistes) bien choisies et un découpage propre à la BD. Comme le film, cette BD est un véritable coup de poing, qui ne peut laisser personne indifférent et qui éveille les consciences.