L'histoire :
A quelques jours de sa sortie de taule, après 8 ans d'incarcération, Tariel se fait tatouer sur le torse des signes distinctifs du « Vor », une sorte de grade ultime au sein de la mafia criminelle georgienne. Pourtant, une fois dehors, il est prévenu par le parrain Grand'Pa Zakhar qu'il devra attendre un peu avant d'être officiellement couronné Vor. Le contexte politique national a en effet obligé les siens à expatrier leurs « activités » en Europe occidentale. Or c'est à Nice que se cristallise une guerre de territoire entre leur famille et la famille rivale Shanashvili. Djanashia, le frère d'arme de Tariel, qui dirigeait jusqu'alors les équipes de « voleurs » en France, a perdu la main. Ses hommes ont en effet été retournés par les Shanashvili et c'est à eux qu'ils versent désormais l'obshak (la taxe mafieuse). Djanashia lui-même vient d'échapper de peu à un contrat établi sur sa tête et il se planque, blessé, dans une bergerie. Tariel débarque donc dans le sud de la France, où il commence par faire équipe avec des tueurs tchétchènes. Après un premier contrat pour se mettre en jambe, il fait la connaissance de Milana, la petite sœur d'un des tchétchènes, Abdul. Au premier regard, ces deux-là se plaisent, c'est évident. Sauront-ils s'affranchir du carcan religieux et familial exercé par Abdul ? En attendant, Tariel passe à l'action pour retourner les retournés...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir beaucoup travaillé pour la presse écrite et collaboré à des différentes séries et reportages TV (Braquo ou le récent Marseille Gangster), Jérôme Pierrat étend aujourd'hui le champs de ses supports à la bande dessinée. Ce journaliste indépendant a une réputation d'être « le plus fin connaisseur du grand banditisme » et ça se sent carrément dans ce premier tome de Vor. Mais au fait, savez-vous ce qu'est un « vor » ? Au sein de la mafia georgienne, c'est un « voleur », ou plus volontiers un assassin, un sicaire, couronné de ce titre par un cénacle exceptionnel de parrains du cru. Or étant donné que la Georgie a réellement mis en place une répression anti-vory (en 2005), c'est dans nos pays occidentaux que ce charmant job prolifère et notamment sur la côte d'Azur. Dans ce premier opus, la nature violente du héros ne l'empêche pas d'être attachant : flingueur dans l'âme, Tariel ne transige pas avec ses principes, adopte une hygiène de vie vertueuse et ressent de nobles sentiments. Néanmoins, vu le bestiaux, vous éviterez d'en faire votre ennemi... Ce premier opus installe durablement ce héros et surtout décrit un contexte de guerre de clans fichtrement crédible, car étayé par moult détails précis et réalistes, ainsi qu'une psychologie de personnages plausible. Le dessinateur Vincent Burmeister livre quant à lui une partition visuelle sérieuse et pêchue, très proche par exemple de la griffe Baru, un soupçon de réalisme en plus, mais l'ultra-lisibilité en moins. Quelques irrégularités dans les faciès, un découpage et des cadrages pas toujours fluide, ainsi qu'une colorisation un brin exagérée, atténuent les bénéfices d'un dynamisme enthousiasmant. A suivre dans un second opus qui promet d'être saignant...