L'histoire :
Tariel est un « vor », c'est à dire un « voleur dans la loi », ou un flingueur docile de haut rang, au sein de la mafia géorgienne. Après être arrivé au terme de sa troisième incarcération dans son pays, il est envoyé en France par Zakhar, son « parrain », afin de reprendre la main sur le marché du sud-ouest. Tariel est obéissant, impitoyable et très efficace : lui et sa bande éradiquent l'organisation rivale de Kakaber. Logiquement, les perceptions de l'obshak – l'impôt de 15% contre protection – sont florissantes. Tariel en profite pour tomber amoureux de Milana, une jolie tchétchène, qu'il a libérée de la tutelle traditionaliste rigoureuse de son frère Abdul. De fait, Abdul est devenu désormais un ennemi mortel, qui n'a de cesse que de retrouver les deux amants. La jeune femme apprend aujourd'hui à son homme qu'elle est enceinte. Tariel est comblé, mais l'idée de sa prochaine paternité lui donne des envies de progression sociale fulgurante. Il se met à prendre des initiatives pour renforcer ses bénéfices, ce qui déplaît à grand-pa' Zakhar, son protecteur. Le contexte est d'autant plus mal choisi que les autorités russes imposent une trêve aux familles géorgiennes, afin que les jeux Olympiques de Sotchi – une région réputée gangrenée par la corruption – soient un modèle de réussite aux yeux du monde...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Journaliste et criminologue averti », Jérôme Pierrat poursuit (et conclut ?) le scénario d'un thriller tendu et réaliste, au sein d'une mafia réputée redoutable mais surtout méconnue du grand-public : les familles géorgiennes, prospérant dans notre ouest-européen. A l'instar du Tueur de Matz et Jacamon, le personnage central de Tariel est certes un criminel de sang froid, il incarne tout de même un héros attachant. Son respect des lois de son clan, son efficacité dans l'action et son amour sincère pour Milana, à laquelle il offre la liberté d'une femme occidentale, jouent pour beaucoup dans l'empathie que lui portera le lecteur. Dans ce second volume, le contexte diplomatique des jeux olympiques de Sotchi lui impose une pondération à contrepied de ses velléités. A la manœuvre, les dirigeants russes – le grand méchant international de notre époque – terminent d'accorder la vraisemblance à ces entrelacs d'alliances, de traîtrises et de corruptions. Tariel se retrouve ainsi au cœur de feux croisés et le scénario se montre très habile pour masquer la tendance du dénouement. Le dessin encré de l'allemand Vincent Burmeister peut ainsi se permettre quelques approximations et irrégularités dans les faciès des personnages, on reste tout de même passionné par l'intrigue sans en perdre une miette.
