L'histoire :
Officier de la légion étrangère, son père n'envisage qu'une carrière militaire pour l'avenir de son fiston. Malgré les tentatives répétées pour le dégoûter du dessin, le jeune Didier David n'aura alors de cesse de se battre pour lui prouver qu'il a les capacités pour réussir dans le domaine. Comme beaucoup d'ados des années 70, il se prend en pleine figure la claque graphique des dessins charbonneux et minutieux de Franquin qu'il s'approprie, en imitant le style du maître. Mais c'est bien une autre tempête, visuelle et libertaire, qui va forger en profondeur le style de Cromwell avec la sortie de Métal Hurlant et de son casting d’immenses auteurs avant-gardistes. Après un passage aux beaux-arts puis aux Gobelins, qui lui offrent la possibilité de nouvelles expérimentations artistiques, il fait alors une rencontre qui va se révéler décisive avec Nicollet et Keleck. Dès lors, il y voit plus clair sur l'identité visuelle qu'il souhaite donner à son dessin. Cela va réellement commencer à prendre forme avec la BD Les Minettos Desperados, mais son trait atteindra sa pleine maturité des années plus tard avec cette pépite pour la rétine que sera Anita Bomba. Tel un prospecteur d'or de l'ouest sauvage, Cromwell est un insatiable explorateur, en quête constante de nouveaux territoires artistiques à découvrir… Ainsi son approche graphique va à nouveau muter vers un style plus pictural, avec son adaptation incroyable du Dernier des Mohicans.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que ce soit armé de son fidèle stylo bille quatre couleurs dont il utilise exclusivement le rouge et le noir (le bleu ne sert qu'à signer les chèques et les contrats) ou bien avec ses pinceaux chargés d'acrylique, Cromwell est un artiste à part, qui bouleverse les codes de la bande dessinée depuis de nombreuses années. Casquette vissée sur le crâne, le bonhomme est un infatigable gribouilleur de carnets qu'il noircit d'une myriade de traits. De son imaginaire résolument rock, émerge une galerie de personnages aux faciès burinés, de monstres inquiétants, de punkettes méga badass et une ribambelle de véhicules rétro-futuristes. Spécialisées notamment dans la publication d'Art-book, les éditions Caurette nous ont concocté ici un magnifique recueil qui retrace chronologiquement la carrière de l'auteur en reprenant la même charte graphique que le précédent ouvrage consacré à l'œuvre de Cromwell publié par Akileos. Double page et papier glacé : autrement dit un bel écrin qui sublime le travail méticuleux de l'auteur. Car on parle ici d'un très grand, un artiste qui est à la France ce que Jamie Hewlett est à la perfide Albion : une pointure de la BD underground, mais aussi un génie de la peinture. De chaque dessin de l'auteur, transpire une atmosphère lourde de fin du monde, poisseuse comme de la mélasse, dérangeante et poétique à la fois. On vous aura prévenu : ce recueil est à l'image de la plus célèbre héroïne de l'auteur : explosif !