L'histoire :
Ce matin-là d’été, dans un petit port de pêche, la maman de Nicolas peine à l’extirper de son sommeil. Quand l’enfant entend le mot clé « débarquement », son œil s’ouvre en grand et il dévale l’escalier quatre à quatre. Car c’est aujourd’hui que rentre le chalutier de Santo, en campagne de pêche depuis 3 mois. Santo a beau n’être que son beau-père, le gamin lui voue un immense respect… et c’est réciproque. Santo débarque donc, fringuant, heureux et riche de mille histoires d’aventures. Giulia est évidement radieuse. Santo a aussi rapporté un souvenir pour Nicolas : une dent du grand requin blanc. Elle est gigantesque, Nicolas n’en revient pas. Il court aussitôt montrer ce trophée à ses deux amis, Tom et Annetta. La fillette douche quelque peu son enthousiasme en lui montrant qu’elle en possède déjà une, elle aussi. Annetta a toujours eu une longueur d’avance… pendant ce temps, Santo explique à Giulia qu’il va déjà repartir, cette nuit même, pour une mission spéciale : une chasse au kraken, une pieuvre géante, qui a récemment tué un de ses compagnons. Giulia est terrorisée. Quand il apprend cette expédition, Nicolas adopte un comportement grave, lui aussi métamorphosé. Le kraken est le monstre matin qui a tué son père. Il veut aussitôt faire partie de la chasse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le principal atout de cette mise en bouche vient incontestablement de sa narration efficace et immersive. Les auteurs italiens disposent d’un savoir-faire évident pour l’art séquentiel, auquel nous pouvons ajouter un contexte attrayant : le pays est accueillant – un littoral estival d’un petit port de pêche typique et chaleureux – et les protagonistes attachants par l’humanisme qui se dégage de leurs psychologies. On rentre d’autant plus facilement dans cette quête initiatique en devenir, qu’elle rappelle une autre chasse célèbre et obsessionnelle au monstre marin : celle du jeune Ishmaël aux côté du capitaine Achab de Moby Dick. On apporte toutefois quelques petits bémols à ce tout premier album réalisé par un couple d’auteurs prometteurs, Eleonora Di Pietro et Emiliano Bonaccorso. Notamment, on reste sur sa faim quant à l’intrigue, car il ne s’agit que d’un récit préparatoire, avec promesse d’action au tome 2 à venir. Nous quittons Nicolas alors qu’il embarque clandestinement pour une chasse à l’issu incertaine. De fait, ce tome inaugural se lit très vite (10-15 minutes)… Le trait de dessin est quant à lui simple, moderne, doux et très lisible, mais il ne propose pas souvent d’arrières plans fouillés : un simple dégradé de couleurs suffit généralement, dans des tonalités éteintes ou surexposées. Cette colorisation souvent sur-saturée, comme provenant d’un photoshop mal réglé, stigmatise aussi formellement l’ambiance de ce premier tome.